Afrique du Sud: inquiet face aux tensions douanières, le secteur minier veut s’organiser

La ville de Johannesburg, en Afrique du Sud, accueillait ces 8 et 9 octobre 2025 un rassemblement des acteurs du secteur minier du pays, pour parler de l’avenir de la filière. Et parmi les thèmes au cœur des discussions se trouvent les questions de reconfiguration géopolitique, après la guerre des droits de douanes lancée par le président américain et ses relations très tendues avec la nation arc-en-ciel, le tout ayant entraîné des conséquences dans le secteur des mines.
Publié le :
2 min Temps de lecture
Avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès
Bien que la hausse de 30% des tarifs douaniers imposée à Pretoria sur ses exportations américaines ne concernent pas les minerais, le secteur suit de près les décisions de Donald Trump et le climat d’instabilité qui s’installe.
Vuslat Bayoglu, directeur de la compagnie minière Menar, qui a investi dans l’extraction de charbon, manganèse et nickel sud-africains, souligne : « Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine créent de la volatilité et de l’incertitude. De même que celles entre les États-Unis et l’Europe. Cela perturbe les investisseurs et désorganise les chaînes d’approvisionnement. »
« Comment nous positionner nous, Sud-Africains, dans toute cette équation ? »
Ces tensions géopolitiques touchent notamment des secteurs friands de minerais sud-africains, comme l’industrie automobile. Mais pour Lullu Krugel, cheffe économiste pour le cabinet de conseil PwC, ces matières premières peuvent aussi être vues comme une force dans les négociations entre Pretoria et Washington : « L’industrie minière n’est pas seulement source de profit mais aussi de pouvoir. L’Europe, la Chine, les États-Unis : tout le monde a un œil sur l’Afrique. Alors, comment nous positionner nous, Sud-Africains, dans toute cette équation ? »
Vuslat Bayoglu ne peut qu’abonder dans ce sens : « Nous n’utilisons pas suffisamment nos forces, par exemple le fait d’avoir du manganèse et du chrome. Les États-Unis vont avoir besoin de ferrochrome et ferromanganèse. Donc je pense que l’Afrique du Sud a de bonnes cartes dans ses mains, si elle parvient à utiliser ses minerais ainsi que son capital humain. »
Encore faut-il que les entreprises et le gouvernement sud-africain accordent leurs violons : l’agence Bloomberg a récemment révélé des frictions entre eux sur la façon d’attirer des investissements américains dans le secteur.
À lire aussiChronique des matières premières – Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud



