Tchad: émotion après le décès de Ray’s Kim EDM, figure de la scène musicale et politique

Au Tchad, les réactions sont nombreuses depuis mardi 7 octobre, après l’annonce par le parti Les Transformateurs du décès de Djasrabé Kimassoum Yilmian, connu sous son nom d’artiste Ray’s Kim EDM. Âgé de 36 ans, il serait décédé des suites d’une maladie, selon des membres de sa famille cités par des médias locaux, qui n’ont pas donné de précisions.

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Slameur et rappeur, parfois surnommé le « bundaboss », Ray’s Kim EDM était bien plus qu’un simple artiste : il était l’un des visages du parti de l’opposant Succès Masra.

Ray’s Kim EDM, pour « enfant de merveille », s’était imposé dans les années 2010 avec des titres largement diffusés sur les radios locales et les réseaux sociaux, qui lui ont valu plusieurs prix dans son pays. Il racontait la vie et les aspirations de la jeunesse urbaine de N’Djamena, notamment dans « Clandoman », où il chante le respect et le courage des moto-taxis de la capitale dans le style « bounda rap », inspiré de l’argot de la rue.

Cette fibre sociale l’avait amené à s’engager politiquement et à rejoindre Les Transformateurs. Il fut en première ligne des mobilisations contre l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby en avril 2021, puis en octobre 2022 lors du « jeudi noir », journée de répression au cours de laquelle il fut blessé par balle. À l’époque, il chantait « Rends le pouvoir ».

Un artiste engagé

Début 2024, après la nomination de Succès Masra à la primature, Ray’s Kim EDM avait été nommé député de la transition pendant quelques mois. Il avait ensuite concilié son rôle de porte-parole du parti avec sa carrière artistique. Dans son dernier titre « Libérez-le », sorti il y a deux mois, il demandait la libération de Succès Masra, arrêté mi-mai et condamné en août à 20 ans de prison.

Sur Facebook, le leader des Transformateurs a évoqué une « tristesse indescriptible ». « Brave des braves, combattant du Tchad de dignité et de respect pour tous, infatigable et irremplaçable porte-parole de la justice et de l’égalité, tu avais encore tant à offrir à ton peuple », peut-on lire sur son compte Facebook.

Les hommages ont afflué d’artistes, de responsables politiques et des autorités. Le porte-parole du gouvernement Gassim Chérif a parlé d’une « perte immense ». Le ministère de la Culture a salué une « icône de la scène musicale tchadienne » qui laisse « une empreinte indélébile ».

Rappeur et slameur popularisé par ses textes reflétant la vie et les aspirations de la jeunesse urbaine tchadienne, notamment via l’emploi du bunda, un argot local. Pour Djeguelmbaye Ndigngar, conseiller stratégie du parti les Transformateurs, Ray’s Kim EDM était très populaire parce qu’il parlait au nom du peuple.

La disparition de Ray’s Kim est une grande perte, non seulement pour le parti les Transformateurs, mais pour tout le Tchad, parce que nous venons de perdre le porte-voix d’un des peuples qui souffre, et il s’est engagé à travers sa musique, et il parle de la vie du peuple de manière générale, mais aussi l’originalité de sa musique qui s’inspire d’un langage de la rue qui est appelé bunda. Cette originalité aussi a démarqué l’homme. Mais ce qui l’a plus démarqué, c’est son engagement. L’engagement de sa musique pour son peuple, pour la liberté, pour la démocratie. Je pense qu’il a toujours fait et les Tchadiens l’ont compris et les Tchadiens l’ont adopté et il est devenu le porte-voix de ce peuple-là. Du coup, c’est ce qui a fait de lui cet artiste qu’on appelait l’artiste du peuple et il restera toujours cet artiste du peuple, car ses œuvres ne mourront jamais.

Djeguelmbaye Ndigngar, conseiller stratégie du parti Les Transformateurs: «Les Tchadiens l’ont adopté et il est devenu le porte-voix de ce peuple-là»

François Mazet

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