Cameroun: comment des enseignants s’organisent pour observer la présidentielle à travers tout le pays

Au Cameroun, la présidentielle est prévue le 12 octobre 2025. L’un des enjeux-clés de ce vote, c’est la confiance qu’il inspire aux Camerounais. Parmi des initiatives citoyennes pour sa surveillance, il y a celle des Enseignants observateurs du scrutin. Rencontre avec l’un de ses organisateurs.
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Avec notre envoyée spéciale à Yaoundé, Amélie Tulet
Au Cameroun, un des enjeux-clés de la séquence présidentielle à venir, c’est la confiance envers le processus électoral. Le mouvement politique Stand Up for Cameroon de Kah Walla publie ce 7 octobre 2025 une déclaration dénonçant, exemples à l’appui, « l’absence d’indépendance et d’impartialité des institutions chargées des élections : Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de l’organisation du scrutin, du ministère de l’Administration territoriale, et du Conseil constitutionnel ».
Depuis des mois, des initiatives tentent d’organiser une surveillance citoyenne du vote et du dépouillement, le jour du scrutin, dans les quelque 30 000 bureaux répartis sur l’ensemble du territoire. Des citoyens qui veulent jouer le rôle de vigie pour s’assurer que ce qui est mis dans l’urne est cohérent avec ce qui est annoncé dans les bureaux dans lesquels ils iront voter.
« Nous sommes là pour la transparence »
Parmi ces initiatives, il y a « Enseignants observateurs du scrutin » (EOS), portée par le Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec).
Quasiment tout s’organise sur des groupes WhatsApp ou Facebook. Pas de manifestation bruyante, pour éviter la répression mais plutôt des grèves sourdes dont les effets se font sentir sur la durée. C’est le choix d’« On a trop supporté » (OTS) incorporé dans le Corec. Le mouvement a marqué le Cameroun en 2022/2023 et relance d’ailleurs cette semaine son opération « craie morte » pour défendre les revendications des enseignants pour de meilleures conditions de vie.
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Cette semaine, certains iront en classe, mais sans faire cours. Et en parallèle, ils s’organisent comme le fait Franck Sisba, pour surveiller le vote dimanche. « Je prends un exemple : un parti politique X qui n’a pas de représentativité dans une localité fait appel au Corec qui met à sa disposition du personnel pour le représenter, nous explique-t-il. Et le parti lui donne un mandat de représentation dans ce bureau de vote. Ainsi, il se retrouve comme étant le représentant de ce parti politique, sans toutefois être un de ses militants. »
Selon Franck Sisba, secrétaire national chargé des Affaires juridiques et administratives du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca), sept des candidats à la présidentielle et leurs partis ont déjà signé une convention avec les enseignants : « Donc, ce sera par un observateur qui aura besoin d’une accréditation du ministère de l’Administration territoriale. Que ce soit du le parti au pouvoir ou d’un parti de l’opposition, nous aurons ce mandat et nous serons légitimes dans le bureau de vote. Il n’y aura pas de violation de la loi. Nous avons étudié largement le Code électoral. »
Témoin mais pas acteur d’une éventuelle contestation devant le juge électoral, Franck Sisba défend l’idée d’une mission citoyenne des enseignants : « Nous, notre rôle n’est pas de faire justice, d’entretenir le contentieux électoral. Nous, notre rôle, c’est d’observer et de ressortir de là avec les résultats réels. Nous sommes là pour la transparence. Et la transparence n’a pas de visage. C’est une transparence qui n’a pour seul but que de donner le résultat réel d’un bureau de vote. »
C’est le premier scrutin pour lequel les enseignants s’organisent ainsi, mais pas le dernier, assure Francky Sisba, avec en ligne de mire les législatives et municipales l’an prochain.



