Sénégal : Cyberattaque – La DGID paralysée, l'économie sénégalaise sous pression

La Direction générale des impôts et domaines (DGID) est victime d’une cyber-attaque d’une ampleur inédite. Les pirates, localisés en Europe selon plusieurs sources, exigent une rançon de près de 10 millions d’euros (6,5 milliards FCFA) pour restituer l’accès aux données et logiciels fiscaux. Une paralysie qui coûterait à l’État plus de 11 milliards de francs CFA par jour et qui soulève la question cruciale de la souveraineté numérique.
Depuis plusieurs jours, les systèmes de la DGID sont totalement bloqués, empêchant la collecte et le recouvrement des recettes fiscales. Selon les économistes, l’État perdrait 11 milliards de francs CFA par jour, soit plus de 50 milliards en une semaine. Les pirates ont diffusé des fragments de données internes, confirmant leur infiltration et alimentant les craintes quant à la confidentialité des informations fiscales.
Cette attaque place l’économie nationale dans une situation critique : les flux financiers publics, qui alimentent à la fois les dépenses et les recettes de l’État, se trouvent durablement perturbés. Pour de nombreux analystes, il s’agit de l’un des chocs numériques les plus graves de l’histoire du pays. L’affaire met en évidence les vulnérabilités profondes des systèmes informatiques publics.
Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn
Comment une institution aussi stratégique que la DGID a-t-elle pu être paralysée aussi longtemps ? Les critiques évoquent le manque de prévention, l’absence de sauvegardes redondantes et une culture de cybersécurité encore trop faible. « Tous les systèmes informatiques comportent des failles, mais leur gestion est décisive », rappelle un expert. L’incident révèle donc l’urgence de bâtir des infrastructures résilientes et adaptées aux menaces contemporaines.
L’Etat face au dilemme stratégique
La question du paiement de la rançon divise. Céder pourrait rétablir rapidement les services, mais au prix d’encourager de nouvelles attaques. Refuser, en revanche, prolongerait la paralysie, aggravant les pertes économiques. L’exemple de la ville d’Atlanta en 2018, contrainte de dépenser des dizaines de millions après avoir refusé de céder à un chantage similaire, illustre la complexité du choix. Pour l’économiste Mamadou Dio Barry, la priorité est claire : « Il faut reconstruire un système plus fiable et investir massivement dans la cybersécurité, quitte à supporter des pertes immédiates. »
Au-delà de la DGID, cette crise sonne comme un avertissement pour l’ensemble des institutions financières du pays. Elle rappelle que les menaces informatiques ne sont plus théoriques : elles peuvent désorganiser l’État, ébranler la confiance des contribuables et fragiliser l’économie nationale.
Pour beaucoup d’analystes, il y a urgence à élaborer une stratégie nationale de cybersécurité intégrée, condition indispensable pour protéger la souveraineté économique du Sénégal dans un monde de plus en plus exposé aux risques numériques.



