Législatives au Gabon: le parti du président en tête selon les résultats partiels

Les résultats des élections législatives du 27 septembre 2025 ont été rendus publique le 28 septembre dans la nuit. L’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), le parti du président Oligui Nguema, est en tête. Il a remporté tous les principaux duels mais a été contraint à un second tour dans plusieurs sièges. En fin de soirée, le ministre de l’Intérieur a longuement lu les résultats détaillés des élections législatives, circonscription par circonscription, mais sans donner de chiffres dans leur globalité. Il a précisé que sur les 145 sièges en jeu, les résultats pour une vingtaine d’entre eux sont toujours en attente, et que trois élections devront être reprises.
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Les résultats partiels prouvent une percée de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), souligne notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma. Fondé il y a trois mois seulement par l’actuel président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, le parti a obtenu le plus grand nombre d’élus dès le premier tour. Il est suivi de très loin par le Parti démocratique gabonais (PDG), le parti chassé du pouvoir lors du coup d’État du 30 août 2023.
Le PDG, qui a dirigé le Gabon durant plus d’un demi-siècle, totalise le plus grand nombre de candidats admis au second tour. Ils affronteront ceux de l’UDB le 11 octobre prochain.
L’Union nationale de Paulette Missambo, présidente du Sénat de la transition et le Rassemblement pour la patrie et la modernité d’Alexandre Barro Chambrier, vice-président du gouvernement du Gabon et troisième personnalité du pays, seront bien représentés à l’Assemblée nationale. Plusieurs anciens partis n’ont rien obtenu.
Le contentieux électoral s’annonce conséquent
Les résultats doivent cependant être confirmés ou pas par la Cour constitutionnelle. Le contentieux électoral risque d’être lourd, car les accusations de fraude fusent dans tout le pays.
Les Gabonais étaient appelés samedi pour des élections locales et législatives, un double scrutin qui achève la transition politique entamée après le coup d’État d’août 2023 qui a mis fin à 55 ans de pouvoir de la dynastie Bongo.
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Un scrutin « au déroulement contesté »
Si le calme règne dans le pays, la mauvaise organisation des deux élections jumelées et les accusations de tricherie à très grande échelle, entachent la crédibilité de ces élections. Les résultats partiels publiés par le ministère de l’Intérieur alimentent les contestations.
Dès son retour, ce lundi 29 septembre à Libreville, après un long séjour à New York aux USA et à la Havane à Cuba, le président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema a immédiatement reçu son ministre de l’Intérieur pour en savoir plus. C’est en présence des principaux chefs militaires que le président Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu le ministre de l’Intérieur. Hermann Immongault a fait le point du déroulement du double scrutin législatif et local du 27 septembre dernier.
Le président avait le visage fermé, d’après les images de la télévision d’état, qui assure que le président gabonais qui souhaite un processus électoral exemplaire n’a pas apprécié certains comportements hautement blâmables.
Dans une banlieue de Libreville, par exemple, des images de centaines de bulletins de vote éparpillés au sol ont fait le tour des réseaux sociaux. À Rennes, en France, des urnes ont été renversées et des enveloppes scellées déchirées. L’UDB, le parti du président, est accusé par de nombreux adversaires politiques d’avoir organisé des fraudes massives. Le parti n’a pas encore officiellement réagi à ces accusations.
Dans ce contexte, la Cour constitutionnelle a annoncé que la réception des recours en annulation aura lieu jusqu’au 8 octobre prochain, à seulement trois jours du second tour des législatives. Si le ministère de l’Intérieur comme la mission électorale de la société civile estiment que le scrutin s’est globalement bien déroulé, des personnalités d’horizons très différents l’ont critiqué, en particulier le convoyage des électeurs et l’utilisation massive des procurations. « On a vu des représentants des partis débarquer avec vingt à trente procurations », déplore un candidat malheureux joint ce 29 septembre, dépité, dit-il, du « retour de l’ancien système ».
« On est dans la continuité du système qu’on était supposé avoir écarté »
« Retour à la case départ ! » s’est exclamé sur Facebook le Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, listant de nombreux disfonctionnements. « On est bien obligé de constater qu’on n’a pas changé de logiciel. On est dans la continuité du système qu’on était supposé avoir écarté pour le bien de tous. »
« Chaotique, indigne d’un scrutin démocratique », renchérit l’ex-candidat à la présidentielle, Mike Jocktane.
« Les élections au Gabon avant=aujourd’hui=demain », dit Éric Joël Bekale, d’Ensemble pour le Gabon, parti d’opposition de l’ex-Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze.
Mécontentement du côté du PDG également. Ancien chef de gouvernement sous Ali Bongo, Julien Nkoghe Bekale dénonce une « organisation chaotique » et des « irrégularités massives ». « Le PDG ne peut en être tenu responsable », écrit-il, demandant au chef de l’État « l’annulation pure et simple de ces élections sur toute l’étendue du territoire national ».



