À Madagascar, l’incendie qui a ravagé lundi 21 juillet le marché Sabotsy d’Antsirabé n’a pas fait de victime, selon le Gouverneur de la région du Vakinankaratra. Mais les dégâts sont considérables : le marché est entièrement détruit et la plupart des produits en vente ont été consumés. Un sentiment de tristesse dominait à Antsirabé, car ce lieu était le cœur de la vie économique, mais aussi sociale de la troisième ville malgache.
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Avec notre correspondant à Madagascar, Guilhem Fabry
Les petites boutiques en bois ravagées le 21 juillet au soir par les flammes ont déjà été remontées, à la hâte, en quelques heures, au milieu des cendres encore fumantes. Les commerçants sinistrés du marché Sabotsy d’Antsirabé, la 3ᵉ ville de Madagascar, craignent autrement de perdre leurs emplacements.
Ce mardi 22 juillet, c’étaient des coups de marteau et de scie qui résonnaient au marché de Sabotsy : des centaines d’habitants démontent ce qu’il reste du vaste hangar qui abritait les ventes de fruits et légumes pour revendre les pièces métalliques et gagner un peu d’argent.
Autour du marché, les rues sont encombrées des tôles qui ont résisté aux flammes et qui seront réutilisées. C’est donc la débrouille qui règne à Antsirabé, mais aussi un profond sentiment de tristesse.
Personne n’a été épargné
Le gigantesque incendie n’a épargné personne : ni les vendeurs de fruits, ni ceux de vêtements, d’art malgache ou encore de meubles. Jacques, boucher au marché Sabotsy, a monté un stand de fortune dans une rue adjacente, pour tenter de continuer à travailler malgré la catastrophe. « Tout a pris feu très vite parce qu’il y avait beaucoup de vent, ça m’a traumatisé. Des pilleurs ont profité de l’incendie pour me voler un cochon. Je suis très inquiet pour la suite, car je n’ai plus d’endroit où faire mon commerce. Je ne veux pas attendre que la commune rénove ce marché, car ça sera très long, donc nous allons le rénover nous-mêmes ».
Beaucoup de commerçants doivent rembourser des prêts bancaires ou payer des fournisseurs, comme Julie Raharimalala, vendeuse de fruits, qui voit son avenir s’assombrir. « La veille de l’incendie, je venais de recevoir un arrivage de 12 tonnes de jujubiers. Je devais vendre ces marchandises avant de payer mes fournisseurs. On a tout perdu, mais nous avons cette facture à payer. Vraiment, je ne sais pas quoi faire ».
Pour les commerçants et leurs clients, l’heure est à la débrouille : tous les moyens sont bons pour essayer de surmonter la catastrophe. Comme des centaines d’habitants, David fouille les décombres, marteau en main. « Je récupère n’importe quels métaux avec mes frères et sœurs. On vend ça à 1 000 ariary le kilo. Depuis ce matin, on a récupéré 85 kilos de métaux. On trouve un moyen de gagner de l’argent malgré l’incendie ».
Au milieu du marché en ruines, beaucoup de commerçants ont commencé à reconstruire leurs boutiques. « C’est ici que nous avons trébuché, c’est ici que nous allons nous relever », ont-ils écrit sur une banderole.
Avec les sinistrés du marché «Sabotsy»
Une ville dans la ville partie en fumée
Le marché de Sabotsy était une ville dans la ville, un lieu de rencontres. On y trouvait aussi bien des meubles, de l’art malgache, des vêtements, que des volailles et des jus naturels. Des paysans des Hauts-Plateaux venaient y vendre leurs récoltes. Des habitants de Morondava et de Manakara, sur les côtes, venaient aussi y faire leurs achats.
Avec l’incendie du marché de Sabotsy, c’est donc une plaque tournante du commerce qui s’effondre. Des mesures d’urgence ont été prises, selon le gouvernement malgache, pour éviter les pénuries à Antsirabé et empêcher une spéculation sur les prix.
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