Afrique: L'insuffisance cardiaque menace des millions de vies sur le continent

À l’occasion de la Journée mondiale du coeur, célébrée aujourd’hui, les cardiologues mauriciens tirent la sonnette d’alarme sur les cas d’insuffisance cardiaque, tout en proposant des solutions pour la prévenir grâce au dépistage précoce et aux changements de mode de vie.

Chaque année, les maladies cardiovasculaires (MCV) causent plus de 18 millions de décès dans le monde. Autrefois considérées comme des maladies occidentales, des affections telles que l’hypertension, le diabète et l’insuffisance cardiaque progressent désormais silencieusement et rapidement en Afrique, dépassant les maladies infectieuses comme principale cause de mortalité.

Une épidémie silencieuse en marche


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Le Dr Viken P. Mootoosamy, consultant chirurgien cardiovasculaire chez C-Care Darné, partage des données récentes de la Société panafricaine de cardiologie (PASCAR) qui estime que l’insuffisance cardiaque représente 30 à 50 % de toutes les admissions cardiaques dans les hôpitaux africains. Il souligne que l’accès au diagnostic précoce, un suivi à long terme ainsi que des thérapies modernes restent limités dans de nombreuses régions. «Les patients se présentent généralement tardivement, souvent à des stades avancés.» Les principaux facteurs de l’augmentation de l’insuffisance cardiaque en Afrique sont :

⚫ l’hypertension : souvent non diagnostiquée et mal gérée en raison d’un manque de dépistage,

⚫ le diabète et l’obésité : facteurs liés au mode de vie, en particulier dans les zones urbaines.

Un changement épidémiologique

Le Dr Mootoosamy explique qu’un changement épidémiologique est en cours, les maladies cardiovasculaires surpassant désormais les maladies infectieuses. Des recherches récentes indiquent que l’insuffisance cardiaque représente 3 à 7 % de toutes les admissions hospitalières en Afrique subsaharienne, soit 30 % de toutes les hospitalisations liées aux maladies cardiovasculaires. Le manque de systèmes de surveillance signifie que l’ampleur réelle du problème pourrait être encore plus grande. Les données émergentes révèlent un profil épidémiologique distinct de l’insuffisance cardiaque propre au contexte africain.

Priorités pour faire face à la crise :

le dépistage précoce et régulier de l’hypertension, du diabète et autres facteurs de risque,

l’éducation des patients pour reconnaître les signes d’alerte : essoufflement, fatigue persistante, jambes enflées, et

l’investissement dans les soins de santé primaires pour renforcer le diagnostic précoce, assurer le suivi à long terme et élargir l’accès aux traitements. Le Dr R. K. Jugessur, cardiologue interventionnel, indique : coupables ? L’hypertension mal gérée, l’obésité croissante et le diabète, alimentés par les modes de vie urbains.» Il souligne que l’hypertension, le diabète, le cholestérol élevé et les signes précoces de maladies cardiaques se développent souvent silencieusement, sans symptômes initiaux. «Beaucoup de gens ne réalisent pas qu’ils sont à risque jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Un simple test de tension artérielle, de cholestérol ou un ECG peut détecter les problèmes suffisamment tôt pour une intervention efficace.»

Crédit : Fondation Didier Drogba

Les solutions résident dans la prévention :

⚫ le renforcement des systèmes de santé primaires,

⚫ l’investissement dans des médicaments abordables, et

⚫ le lancement de programmes de sensibilisation et de dépistage à grande échelle

La détection précoce = vies sauvées : le pouvoir de la prévention

Le Dr Jugessur insiste sur l’importance du dépistage :

l’hypertension: principal facteur des attaques cardiaques, AVC et l’insuffisance rénale qui sont souvent ignorés,

le diabète et le pré-diabète : endommagent le coeur et les vaisseaux sanguins pendant des années avant l’apparition des symptômes, et

l’augmentation du taux de cholestérol : rétrécit les artères silencieusement en augmentant le risque d’événements cardiovasculaires graves.

Des examens réguliers permettent de détecter ces risques cachés, en se favorisant des changements de mode de vie, des médicaments adaptés et des soins préventifs qui sauvent des vies et réduisent les complications à long terme.

Pourquoi les patients arrêtent-ils leur traitement après un an ?

Même diagnostiqués, de nombreux patients rencontrent un autre défi : maintenir leur traitement. Des études révèlent que près de la moitié des patients cardiaques arrêtent leurs médicaments prescrits dans l’année. Les raisons varient entre les effets secondaires, le coût des médicaments et les routines complexes. «Se sentir mieux ne signifie pas que la maladie a disparu», explique le Dr Jugessur. Omettre les médicaments peut avoir des conséquences mortelles.

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Faits clés

· 18 millions de vies sont perdues chaque année à cause des maladies cardiovasculaires (OMS).

· 30 à 50 % des admissions cardiaques dans les hôpitaux africains sont dues à l’insuffisance cardiaque (PASCAR).

· La moitié des patients cardiaques arrêtent leur traitement dans l’année.

· Les examens réguliers peuvent réduire le risque de maladie cardiaque de 35 %.

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Dr Shamloll: «les médicaments cardiaques ne fonctionnent que si vous les prenez»

Chaque année, les MCV causent plus de 18 millions de décès dans le monde. Beaucoup des patients sont atteints d’hypertension, de taux de cholestérol élevé, d’insuffisance cardiaque ou d’arythmie, nécessitant un traitement à long terme. Le Dr Oomesh Shamloll, cardiologue interventionnel, insiste sur l’importance du soutien au traitement, des rappels et de la sensibilisation communautaire. Il reconnaît que le coût est un obstacle, mais souligne que plusieurs programmes d’aide existent.

Le changement de mode de vie est le premier «médicament»

La prévention ne se limite pas à l’hôpital. L’alimentation et les activités physiques sont les meilleurs boucliers contre les MCV. «Que ton aliment soit ton médicament», dit le Dr Shamloll en citant Hippocrate. Il recommande l’augmentation de la consommation de fruits, de légumes, de céréales complètes, de légumineuses, de noix et de bonnes graisses. De plus, il insiste sur la réduction de la consommation de sel, de sucre, d’aliments transformés et de viande rouge, et de maintenir une bonne hydratation.

À ne pas négliger

Le Dr Shamloll recommande que 30 minutes d’activités physiques modérées, pratiquées régulièrement, telles que la marche rapide, le vélo, la natation, peuvent réduire le risque de maladie cardiovasculaire jusqu’à 35 %. Les bénéfices incluent : une meilleure tension artérielle, le contrôle du cholestérol, la gestion du poids, la réduction du stress et l’amélioration du sommeil. «La solution réside dans la détection précoce, la prévention primaire, les changements de mode de vie et l’accès abordable aux médicaments.»

Dans le cadre de la Journée mondiale du coeur, les médecins ont pour message : «NE MANQUEZ PAS UN BATTEMENT DE COEUR.» «Chaque battement compte, chaque dose est essentielle» et chaque choix de vie peut faire la différence entre la vie et la perte.

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Par Samuel THUITA, journaliste spécialisé dans la santé, consultant en médias et fondateur de Vitalsigns. Il y conçoit des contenus éducatifs percutants afin de sensibiliser le public et de promouvoir un mode de vie sain. Fort de plus de quinze ans d’expérience en narration visuelle, il accompagne organisations et communautés dans la création de campagnes de santé efficaces, capables d’inspirer des choix éclairés et d’améliorer les résultats en matière de santé.

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