Tunisie: L'Appel du pays – Plaidoyer pour un développement durable concret et équitable

Face aux urgences climatiques, aux fractures économiques et aux défis sociaux, la Tunisie s’impose comme une voix déterminée à l’ONU pour un développement durable qui ne reste pas lettre morte.

Au-delà des discours et des promesses, le pays appelle à transformer les ambitions internationales en initiatives concrètes, innovantes et adaptées aux réalités des pays en développement?

À New York, en marge de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a rappelé l’urgence d’accélérer la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.

Il a souligné le rôle crucial des mécanismes de financement, du transfert de technologies et de la coopération Sud-Sud pour permettre aux pays en développement de concrétiser ces objectifs.


Suivez-nous sur WhatsApp | LinkedIn pour les derniers titres

Mais au-delà de ce plaidoyer, une question se pose à nous : comment transformer ces ambitions globales en solutions concrètes et adaptées aux réalités des pays en développement, comme la Tunisie ?

Repenser le financement, du «prêt» à l’«investissement patient»

L’une des faiblesses actuelles de l’architecture internationale est la dépendance excessive aux prêts classiques.

La Tunisie, comme beaucoup d’autres nations, n’a cessé de plaider pour une innovation dans les mécanismes financiers. Une piste à explorer : la mise en place d’investissements patients, où les bailleurs accompagnent des projets sur le long terme, sans exigence de rentabilité immédiate. Ce type d’approche, déjà expérimenté dans certains pays africains, pourrait favoriser l’essor de projets verts dans l’énergie solaire, l’agriculture durable ou encore l’économie circulaire.

Créer des «laboratoires régionaux partagés»

Une autre piste d’innovation pour la Tunisie serait la création de laboratoires régionaux partagés, associant chercheurs, ingénieurs et start-up du Sud. Ces plateformes permettraient non seulement de mutualiser les ressources, mais aussi de codévelopper des technologies pensées pour les réalités locales – par exemple des systèmes d’irrigation adaptés à la rareté de l’eau ou des solutions de stockage d’énergie à faible coût.

Mutualiser les succès et les erreurs

La coopération Sud-Sud ne devrait donc pas se limiter aux échanges institutionnels. Une idée intéressante serait de créer un réseau panafricain de villes durables, où chaque cité partagerait ses réussites en matière de mobilité, de gestion des déchets ou d’efficacité énergétique. Ce type de plateforme pragmatique permettrait aux pays du Sud de capitaliser sur leurs propres expériences, sans attendre des modèles venus du Nord.

Le développement durable comme projet sociétal

Enfin, le développement durable ne doit pas être réduit à une logique économique ou technologique. Il pourrait devenir un véritable projet sociétal, articulé autour de l’éducation citoyenne, de la valorisation des savoir-faire locaux et d’une nouvelle relation à l’environnement. En incitant les communautés locales à développer et expérimenter des initiatives durables depuis leurs villes et villages, on leur redonne une place centrale dans la conception des projets, renforçant ainsi la durabilité et l’adhésion sociale.

Construire un modèle hybride à la tunisienne

Plusieurs pays aux contraintes proches de celles de la Tunisie ont montré qu’un développement durable ambitieux reste possible. Le Maroc, par exemple, s’est imposé comme un leader africain des énergies renouvelables grâce à des projets solaires et éoliens de grande ampleur.

La Jordanie, confrontée à une rareté extrême de l’eau, a innové en matière de recyclage et de gestion intégrée des ressources hydriques. Le Costa Rica a bâti son image internationale sur une transition énergétique quasi totale vers les renouvelables et sur l’écotourisme, tandis que le Rwanda s’est distingué par une gouvernance écologique volontariste, allant de l’interdiction du plastique aux politiques urbaines durables.

Pour notre pays, l’enseignement est clair : il ne s’agit pas de copier un seul modèle, mais d’en créer un hybride. Miser sur le solaire et l’éolien à la manière marocaine, adopter une gestion millimétrée de l’eau inspirée de la Jordanie, développer un tourisme vert à l’image du Costa Rica et instaurer des règles strictes en matière d’environnement comme au Rwanda permettrait de tracer une voie tunisienne vers un développement durable, crédible et adapté à ses réalités.

Un appel à transformer les discours en actions

L’Appel de la Tunisie à New York s’inscrit dans une dynamique mondiale, mais il prend une résonance particulière dans un pays en quête d’un nouveau modèle de développement. La Tunisie ne peut plus se contenter de slogans ni de stratégies inachevées, elle a besoin d’actes visibles, de projets qui parlent aux citoyens et qui redonnent confiance en l’avenir.

Transformer les mots en initiatives concrètes, adaptées et audacieuses, c’est par exemple voir surgir des toits solaires dans les quartiers populaires, des systèmes d’irrigation intelligents dans les campagnes, des villes qui respirent mieux grâce à une gestion rigoureuse des déchets. C’est faire du développement durable non pas une contrainte imposée de l’extérieur, mais un levier de fierté nationale et d’émancipation collective.

Car pour la Tunisie, il ne s’agit pas seulement d’atteindre des objectifs fixés à l’horizon 2030, il s’agit de renouer avec sa capacité à innover, à fédérer et à transformer ses fragilités en atouts. Le développement durable ne peut plus attendre, il doit devenir, dès aujourd’hui, un moteur d’innovation, de solidarité et de souveraineté. Un projet partagé qui redonne à chaque Tunisien le sentiment de contribuer à bâtir un avenir digne de ses aspirations.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close