Tunisie: SN – Les sections rugby et football veulent sortir du club – À l'aube de ses 89 ans, le Stade Nabeulien sera-t-il disloqué ?

Les sections rugby (la plus titrée du club) et football veulent faire scission contre un refus catégorique du président du club, Me Hichem Hajri. Une guerre de tranchées, pour ne pas dire de sécession, a dressé son chapiteau sur fond de tensions au sein du bureau et de divisions dans l’environnement du club phare de la cité des Potiers.

Le 8 décembre prochain, le Stade Nabeulien — une association sportive omnisports — soufflera sa 89e bougie dans un climat délétère, sous la menace persistante de certains dirigeants et supporters de deux de ses quatre sections à faire scission.

En effet, le Stade Nabeulien a tenu vendredi dernier, à 16h00, dans la salle de réunion du complexe des jeunes, à Nabeul, une assemblée générale extraordinaire (AGE) pour présenter le projet d’amendement de plusieurs articles du statut de l’association et l’adoption d’un règlement intérieur du club pour les soumettre au débat dans le but d’être approuvés par les 188 adhérents du club.

Il est à rappeler que cette AGE intervient après le report de celle tenue le 5 septembre dans le même cadre spatial, faute de quorum (nombre minimum de personnes présentes ou représentées pour que l’assemblée générale extraordinaire puisse valablement délibérer et prendre des décisions).


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Toutefois, lors de l’AG extraordinaire du 19 septembre convoquée par le président du Stade Nabeulien, Me Hichem Hajri, plusieurs adhérents du club ont exprimé la volonté d’introduire à l’ordre du jour le débat sur l’avenir de certaines sections et soumettre au vote à main levée la dissolution des sections rugby et football.

Selon une déclaration du président de la section rugby, M. Alaya Landolsi, sur les ondes de la radio locale « Radio Med », le Stade Nabeulien a déjà dissous « la section athlétisme ainsi que celles de handball et de basketball féminins » et que d’autres clubs omnisports participant dans le championnat national de l’ovalie ont déjà dû se séparer de leurs sections rugby pour permettre l’éclosion de nouveaux clubs spécialisés tels que :

le Rugby Club Béja (ex-section rugby de l’Olympique de Béja), l’Avenir sportif de Jemmal (ex-section rugby de Ennahdha Sport de Jemmal), l’Avenir sportif de M’saken (ex-section rugby du Croissant sportif de M’saken), le Club Rugby Sfax (une association née après la disparition des sections rugby du Club sportif Sfaxien, du club sportif des loisirs de Sfax et de l’Union sportive des transports de Sfax), le Rugby Club Ettahrir (héritier du Rugby Club de Tunis né suite à la dissolution des sections rugby de l’Espérance sportive de Tunis, du Club Africain et du Stade tunisien), etc.

«Aujourd’hui, avec les difficultés financières auxquelles font face les clubs omnisports, une association sportive ne peut subvenir aux besoins de plusieurs sections à la fois. La dissolution des sections rugby et football est la solution idéale pour le bien de tout le monde afin de permettre à ces deux sports d’évoluer et de progresser dans de meilleures conditions», a déclaré M. Landolsi, pointant du doigt le partage inéquitable des subventions publiques allouées au club par la commune (municipalité) et le gouvernorat de Nabeul avec une section basketball qui s’est toujours taillé la grande part du gâteau vu son rayonnement à l’échelle nationale et régionale ainsi que ses résultats sportifs.

«Bien que la section rugby soit la seule section qui ne cesse de garnir ces dernières années la vitrine à trophées du club par des coupes nationales et des titres de champion de Tunisie, contrairement à la section basketball dont le dernier sacre remonte à 2010, la grande partie des subventions publiques est accaparée par cette dernière. D’ailleurs, la section rugby du Stade Nabeulien n’a même pas bénéficié cette saison de l’intégralité de son quota évaluée à 25% des subventions publiques», a-t-il ajouté.

Idem pour certains dirigeants, adhérents et sympathisants de la section football de la cité des Potiers — dont l’équipe des seniors végète dans les abysses du football amateur tunisien (la 5e division, ultime division) depuis plusieurs années — veulent quitter le navire du Stade Nabeulien pour battre pavillon de l’Union sportive nabeulienne (USN, un club fondé en 2017) et dont la catégorie des seniors ne peut coexister avec celle du Stade Nabeulien, tout bonnement, car dans une seule délégation, deux clubs présentant la même activité sportive ne peuvent se départager les mêmes infrastructures. La loi tunisienne exige la présence d’un seul club.

C’est l’avis de l’ancien milieu offensif et légende du Stade Nabeulien, M. Ayed El Kamel, qui porte la double casquette d’adhérent et d’ex-dirigeant-entraîneur des «Vert et Orange» ainsi que celle d’un membre fondateur et adhérent de l’Union sportive nabeulienne (USN).

«Le football a toujours été marginalisé par les dirigeants du Stade Nabeulien au profit d’autres sections. La scission est un mal nécessaire pour permettre à ce sport de se réinventer et prospérer dans notre ville loin de l’ombre des autres sections et pour avoir plus d’autonomie financière», a fait savoir M. El Kamel.

Fondée en 1952, la section football du Stade Nabeulien avait connu son apogée dans les années 1970 et 1980, avec notamment la qualification historique en 1984 de l’équipe première pour le tour de barrage de promotion en Ligue 1 nationale.

«Cette démarche va profiter à tout le monde. Le Stade Nabeulien n’aura plus à se soucier du fardeau des charges financières de la section foot et ses exigences matérielles, et les amateurs de football pourront aspirer à voir un club de football capable d’accéder aux divisions supérieures et, pourquoi pas, évoluer un jour dans l’élite du football tunisien», a ajouté l’un des adhérents du SN, soutenant cet élan scissioniste.

Il est à signaler que les adhérents du club avaient déjà voté, le 1er septembre 2023, la dissolution de la section football sous la présidence de M. Fethi Karma pour laisser place à une nouvelle entité sportive baptisée le «Stade Nabeulien Football Club » qui devait arborer les mêmes couleurs que le SN (vert et orange). Cette décision a été de courte durée quand les mêmes adhérents ont dû faire volte-face et revenir aux urnes, après dix-huit jours (le 19 septembre 2023), et voter la réintégration de la section foot pour évoluer de nouveau sous l’enseigne du Stade Nabeulien.

Cependant, l’actuel président du club, avec le soutien de la majorité des membres de son bureau, demeure catégorique, voire réfractaire, face à une telle démarche aspirant à dissoudre les sections football et rugby du moment que ce point ne figure pas à l’ordre du jour de l’assemblée générale extraordinaire (AGE) et que du point de vue juridique et éthique, il ne peut se soumettre à une telle requête pour ne pas entacher cette assemblée générale extraordinaire de vice de procédure.

«On ne peut pas introduire entre deux rendez-vous d’assemblée générale extraordinaire, dont la première fut reportée pour quorum insuffisant, un point qui n’est pas prévu dans l’ordre du jour initial. Juridiquement parlant, soit le bureau directeur de l’association, soit les deux tiers des adhérents de l’association peuvent soumettre une demande écrite au secrétaire général pour proposer un point à l’ordre du jour d’une assemblée générale extraordinaire. Et jamais le jour J d’un tel évènement», précise le président du Stade Nabeulien, Me Hichem Hajri.

Or, dans une ambiance houleuse et électrique, la tension dans la salle des réunions a connu son paroxysme quand une majorité des deux tiers des adhérents présents ont voté à main levée, sous l’impulsion du président de la section rugby M. Alaya Landolsi, l’introduction de cette question clivante dans l’ordre du jour.

Devant un tel constat, le président du Stade Nabeulien a décidé de se retirer de la réunion et d’ajourner l’assemblée générale extraordinaire à une date ultérieure.

«Mon intégrité physique a été menacée avec l’agitation et l’ambiance très tendue dans la salle. J’ai dû interrompre les travaux de l’assemblée générale extraordinaire car les conditions n’étaient pas réunies pour poursuivre un débat serein et apaisé, respectant l’ordre du jour initial de cette réunion», a fait savoir Me Hajri.

Des allégations démenties par le président de la section rugby, M. Alaya Landolsi qui affirme toujours sur les ondes de nos confrères de « Radio Med » que les travaux de l’assemblée générale extraordinaire se sont poursuivis, après la désertion du président du club, en présence des représentants des autorités locales et régionales.

«La scission des deux sections ainsi qu’une motion de retrait de confiance visant le bureau actuel du Stade Nabeulien ont bénéficié du vote de la majorité, soit plus des deux tiers des 188 adhérents présents ce jour-là. Nous avons des séquences de vidéos et des photos ainsi que des témoins oculaires qui peuvent corroborer mes dires. J’appelle, ainsi, les autorités locales et régionales à agir pour intervenir et appliquer les décisions de cette assemblée générale extraordinaire», a conclu M. Landolsi.

Pendant ce temps-là, le bureau directeur du Stade Nabeulien a déjà convoqué ses adhérents à une assemblée générale ordinaire (AGO) aujourd’hui, toujours dans la salle de réunion du complexe des jeunes, dont l’ordre du jour inclut spécifiquement la lecture et la validation des rapports financier et moral de la saison 2024-2025 ainsi que celui du commissaire aux comptes pour la même période.

Certes, ce nouveau rendez-vous s’annonce chaud, mais une chose est sûre, cette tempête et ces turbulences au sein de ce club historique ne peuvent que perturber le début de la saison 2025-2026 de la section basketball — l’un des bastions pour ne pas l’un des principaux fiefs de ce sport en Tunisie — qui vient de renouer avec l’élite, après une accession historique avec vingt-deux victoires et zéro défaite dans le championnat du National 1 (Division 2) ainsi que les ambitions légitimes d’accession des Handballeurs à la Division 1 après une saison très prometteuse, sans parler du sort incertain de la section rugby qui n’a pas encore payé les frais de son engagement dans le championnat tunisien ou le saut dans l’inconnu d’une section football sans guide ni boussole qui caracole au fin fond des divisions inférieures du football tunisien.

Avec ce bras de fer juridique entre sécessionnistes et unionistes sur fond de querelles personnelles et ego hypertrophiés, le Stade Nabeulien finira-t-il par être disloqué pour ne pas dire dépecé à l’aube de ses 89 ans ? C’est la question qui taraude l’esprit des supporters nabeuliens.

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