Sénégal: Vol de bétail – Des éleveurs de Sédhiou veulent une coopération renforcée avec la Guinée-Bissau

Sédhiou — Le président de l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail (ANLCVB), El Hadj Aboubacar Bitèye, préconise une coopération transfrontalière renforcée avec la Guinée Bissau pour combattre le vol de bétail dans la partie méridionale du Sénégal.

« Le vol de bétail ne constitue pas seulement une menace pour les éleveurs », il représente aussi « un danger pour l’économie nationale. Le Sénégal peut nourrir sa population grâce à l’élevage » et ses produits (lait, viande, cuir), « mais ces ressources sont pillées », a-t-il déclaré.

M. Bitèye s’exprimait lors de la clôture d’un forum sur le vol de bétail tenu mercredi dans la commune de Niagha, dans le département de Goudomp.

Cette rencontre organisée par l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail, en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rassemblé des éleveurs, des autorités locales et des représentants des forces de défense et de sécurité.


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Des représentants de la société civile ont également pris part à cette rencontre visant à débattre de « stratégies concrètes » à mettre en oeuvre afin de freiner le vol de bétail, un phénomène qui gangrène l’économie pastorale de la région.

Le président du comité local de lutte contre le vol de bétail, Moussa Mballo, a tiré la sonnette d’alarme, indiquant que « le vol de bétail est devenu une tragédie récurrente dans le département de Goudomp ».

« Six personnes ont déjà perdu la vie dans des affrontements liés à ce fléau » cette année, a-t-il signalé, en appelant à « une application rigoureuse » de la loi criminalisant le vol de bétail et à un durcissement des peines.

Les éleveurs, préconise-t-il, doivent être accompagnés dans la sécurisation de leurs troupeaux par l’identification des animaux, la clôture des enclos et la dotation en matériel de surveillance.

Il a salué la distribution de gilets, lampes torches et badges aux éleveurs, tout en appelant à une coopération transfrontalière renforcée avec la Guinée-Bissau.

Samba Baldé Gano, représentant de la Guinée-Bissau, a salué cette initiative et insisté sur la dimension régionale du problème. « Nos animaux volés sont souvent acheminés vers des pays voisins », a-t-il affirmé.

« Le combat doit être collectif, car le vol de bétail ne connaît pas de frontières », a déclaré Samba Baldé Gano.

Malgré les efforts du comité de veille et la collaboration jugée efficace avec la gendarmerie, les participants ont pointé du doigt « les failles du système judiciaire », les voleurs arrêtés étant « souvent libérés dans des délais incompréhensibles, laissant les victimes dans l’incompréhension et la frustration ».

Ousmane Diamanka, du village de Winsako Yéro, a livré à ce sujet un témoignage poignant, qui a marqué les esprits.

Il a relaté la mort tragique de son frère, tué par balle en 2017 lors d’une attaque de voleurs de bétail entre Mballocounda et Samodji, en territoire bissau-guinéen. Cinq boeufs avaient été emportés à l’issue de cette attaque.

« Ce jour-là, nous avons perdu plus qu’un troupeau. Nous avons perdu un frère, un pilier de notre famille », a-t-il commenté, très ému.

Aussi ce forum a-t-il permis de poser les bases d’une mobilisation communautaire et institutionnelle contre le vol de bétail, avec l’espoir que les recommandations formulées ne resteront pas lettre morte.

Les acteurs disent désormais attendre de l’État des « actions concrètes » pour protéger les éleveurs et restaurer la confiance dans les institutions.

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