Accra lance un plan d'un milliard de dollars pour encadrer l’or artisanal

Au Ghana, premier pays producteur d’or africain, le régulateur du secteur aurifère artisanal créé en mai dernier, le GoldBod a annoncé travailler sur un plan d’un milliard de dollars pour développer 300 petites mines dites « responsables », alors que le pays souffre de l’orpaillage illégal.
En 2024, les exportations d’or ont rapporté 163 milliards de cedis, soit plus de 13 milliards de dollars au taux de change actuel, au produit intérieur brut ghanéen. Une manne économique vitale pour le pays, mais dont ne bénéficient pas assez les communautés vivant aux alentours des grands sites miniers. C’est en tout cas ce que soutient l’ingénieur ghanéen Shelter Lotsu, président de la société TSL Sustainability : « Nous avons beaucoup d’entreprises multinationales exploitant nos minerais. Ce qu’ils font, c’est de la philanthropie. Ce n’est pas de la gouvernance sociale et environnementale. Si on n’implique pas les communautés, cela ne créera aucun bénéfices sociaux ou environnementaux. »
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Une meilleure traçabilité des mines artisanales
Selon l’ingénieur, une voie existe pour rendre le secteur plus durable : une mise à contribution accrue des grands groupes miniers étrangers. « Il est grand temps que le gouvernement s’assure que les engagements sociaux et environnementaux des groupes miniers se concrétisent dans des projets identifiés par les autorités. »
En 2024, le précédent ministre des Finances ghanéen a listé des projets agricoles ou d’énergie verte vers lesquels tous les opérateurs, y compris miniers, sont incités à investir. Autre sujet majeur du sommet : les mines d’or dites artisanales et de petites tailles. Ce sont elles qui sont au cœur de la nouvelle stratégie du président ghanéen, John Dramani Mahama, visant à accroitre les ressources aurifères du pays. Encore faut-il s’assurer que cette augmentation souhaitée de la production se fasse dans des conditions respectueuses de l’environnement. Le représentant du ministre des Terres et des Ressources naturelles, Joseph Osiakwan, se veut rassurant : « Ce que le gouvernement met en place, c’est l’extraction responsable et durable. Il ne s’agit pas d’aller miner au hasard. Nous allons mener des enquêtes géologiques, et assurer la traçabilité de ce qui est miné. »
Durcir la lutte contre l’orpaillage illégal
À ces mesures s’ajoute la lutte du gouvernement contre l’orpaillage illégal, véritable fléau environnemental au Ghana. Problème : mettre fin à ce secteur informel priverait de ressources un million et demi de personnes, selon les estimations des autorités. Pour l’économiste Godfred Bokpin, il est donc impératif d’accompagner ce combat par la mise en place de réelles alternatives économiques. « Une sorte d’orientation nationale pour créer des emplois décents. L’orpaillage illégal est une réaction aux nombreux échecs des politiques visant à mettre en place une croissance économique inclusive. »
Un chantier social qui doit être mené de pair avec la lutte contre la corruption, principal moteur, selon l’économiste, de l’orpaillage illégal.