Mondiaux de cyclisme: à Kigali, les juniors africains sont passés du rêve à la réalité

Participer aux Championnats du monde de cyclisme au Rwanda, les premiers en Afrique, restent une immense fierté pour les coureurs du continent, même si le plus souvent ils ne luttent pas à armes égales. En cyclisme, le matériel a connu une évolution énorme ces dernières années, ce qui met en difficulté les nations moins huppées. 

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De notre envoyé spécial au Rwanda,

Ce mardi 23 septembre restera une date importante pour les jeunes cyclistes africaines. Lors du contre-la-montre junior pour les filles et garçons de17 et 18 ans, la Béninoise Georgette Vignonfodo savoure son entrée dans la cour des grands. Certes, elle n’a pas remporté le maillot arc-en-ciel, mais une bataille face à elle-même avec les moyens du bord.  

« J’ai découvert mon vélo à la dernière minute, j’ai juste eu le temps de faire un tour sur le parking », explique-t-elle le souffle encore un peu court.

Piloter un vélo de chrono reste un exercice difficile et elle s’est laissé guider par son coach qui lui a indiqué avec les oreillettes les parties piégeuses et les descentes. « Dans ma tête, c’est comme si j’étais championne du monde », glisse Georgette Vignonfodo largement applaudi tout le long du parcours.

Au Rwanda, 35 nations africaines sont représentées, surtout dans les catégories juniors et espoirs. Le matériel reste le principal frein au développement du cyclisme africain, alors que le potentiel n’est pas négligeable. L’Érythréen Biniam Girmay, triple vainqueur d’étape sur le Tour de France 2024, héros de tout un continent, inspire désormais pas mal de coureuses et coureurs. 

Eveline Marie Rose Yameogo, représentante du Burkina Faso.
Eveline Marie Rose Yameogo, représentante du Burkina Faso. © Farid Achache / RFI

Mais le cyclisme est un sport qui coûte beaucoup d’argent et les petites fédérations ont souvent bien du mal à suivre. La jeune représentante du Burkina Faso, Eveline Marie Rose Yameogo a participé à l’épreuve avec son vélo traditionnel. « J’espère que j’aurais un jour la possibilité d’avoir un vélo de contre-la-montre avec l’aide de ma fédération », lâche-telle timidement. D’autant plus, comme elle le signifie, que le cyclisme est très populaire chez elle.  

Dans les rues de Kigali, les deux coureuses du Nigeria n’avaient pas plus de moyen pour se hisser au niveau des meilleures. Comme beaucoup, elles ont été obligées d’utiliser leur vélo de route équipé à l’ancienne, sans les nouvelles technologies que le continent européen a adopté depuis longtemps : freins à disques, cadre et roues en carbone haut de gamme. La Française Thais Poirier, dont le vélo respire la modernité, en convient : « C’est vrai que le cyclisme reste un sport élitiste. Moi j’ai tout matériel qu’il faut et je sais que ce n’est pas donné à tout le monde », souffle-t-elle. 

Des concurrents venus de Tunisie et du Maroc pointent pour leur part un manque de compétitions dans leur pays respectif. Mais dans l’ensemble, cette participation restera gravée dans la mémoire de chacun. Et tous rêvent d’embrasser une carrière malgré les difficultés de ce sport.

li, A droite, le coach du Mali, Yaya Diabaté.
li, A droite, le coach du Mali, Yaya Diabaté. © Farid Achache / RFI

Il y a une envie de réussir dans le cyclisme sur le continent africain selon le coach malien. « Avec plus de moyens, les prochaines générations seront meilleures. Notre ambition est de valoriser le cyclisme au Mali. Oui c’est cher le vélo, mais on mise sur le programme de l’UCI solidarité », explique Yaya Diabaté. Le Sénégalais Babacar Atta Fall, non loin de là, dans un élan d’optimisme, se verrait bien en Sadio Mané du vélo. « Même avec du mauvais matériel, il faut être bon. Et surtout il faut rêver », rigole-t-il.  

Le coût du matériel n’est pas seulement le problème du continent africain. En s’élançant de la rampe de la BK Arena, au rythme des tambours traditionnels de l’Afrique centrale, la jeune équatorienne Nahomi Javita Martinez avait aussi en tête ce qui lui a fallu d’abnégation pour s’offrir le rêve d’un Mondial au Rwanda. 

La compatriote de Richard Carapaz, champion olympique en 2021 à Tokyo et vainqueur du Tour d’Italie en 2019, a dû compter sur son soutien pour être la seule représentante féminine de l’Équateur au Rwanda. Et son vélo de contre-la-montre reste un prêt. « On se débrouille comme on peut, mais ç’est magique de faire partie de cette grande aventure », dit-elle des étoiles dans les yeux. Comme elle, les jeunes athlètes du continent africain ont été au bout de leur rêve dans les rues ensoleillées de Kigali. 

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