Soudan du Sud: au premier jour du procès de Riek Machar, la défense demande l’annulation du procès

À Juba, le procès de Riek Machar, premier-vice-président suspendu de ses fonctions, et de sept autres officiels membres de son parti, le SPLM-IO, s’est ouvert lundi 22 septembre. Ils sont accusés d’avoir joué un rôle dans l’organisation d’attaques contre l’armée sud-soudanaise dans le Haut-Nil, dans le nord-est du pays, et sont inculpés pour « trahison », « meurtre » ou encore « crimes de guerre ». Cette première audience a duré à peine deux heures et a porté essentiellement sur les objections de la défense, qui considère comme « incompétent » le tribunal spécial formé pour juger Riek Machar et les autres officiels.
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Avec notre correspondante à Juba, Florence Miettaux
Debout derrière les barreaux d’une grande cage installée dans le Freedom Hall resté quasiment vide, Riek Machar et les sept autres accusés se sont présentés à la cour. Leur défense demande l’annulation du procès qui, selon elle, ne pourrait se dérouler que devant la cour hybride prévue par l’accord de paix de 2018. Cette instance n’a jamais été mise en place. « Votre Honneur, toute tentative de poursuites criminelles pour des officiels qui tirent leurs responsabilités de l’accord de paix – poursuites qui seraient intentées en-dehors des mécanismes prévus par l’accord de paix – équivalent à des violations fondamentales de l’accord », explique Me Geri Raimondo Legge.
L’accusation rejette l’argument
Au nom de l’accusation, Me Ajo Ony Ohisa a rejeté l’argument. Selon lui, la Cour suprême du Soudan du Sud peut juger des affaires criminelles impliquant des officiels de haut rang, sans contredire l’accord de paix. « La défense assume que ce tribunal spécial, n’étant pas la Cour suprême, n’a pas le pouvoir de juger une telle affaire. Votre honneur, cet argument est faible et peu consistant. Les membres du tribunal spécial sont tous membres de la Cour suprême. Ils sont donc compétents pour juger ce dossier », affirme Me Ajo Ony Ohisa.
L’accusation a aussi justifié le fait de ne pas recourir à la cour hybride car ce n’est pas le mouvement de Riek Machar, mais une milice locale, la White Army, non signataire de l’accord, qui a attaqué l’armée à Nasir. Le procès reprendra ce mardi.
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