Sénégal: les agriculteurs misent sur les réseaux sociaux pour vendre leurs produits

En Afrique, la population est de plus en plus jeune… et connectée. Pour les entrepreneurs agricoles, cela ouvre de nouveaux débouchés : ils peuvent vendre et faire connaître leurs produits sur TikTok, Instagram ou WhatsApp. Résultat : ils adaptent désormais leurs stratégies au numérique.
Avec notre correspondante à Dakar,
Adjaratou Kosse Faye s’est lancée dans la vente en ligne de produits agricoles dès 2020, en misant d’abord sur le bouche-à-oreille : « J’ai commencé sur les réseaux sociaux, WhatsApp, Facebook, Instagram, à un peu partager. Au début, j’étais dans le secteur de la fraise et du poulet avant d’avoir ma ferme. Du coup, c’était très pratique de partager sur ton statut et dire oui, il y aura des fraises qui seront disponibles. On recevait des centaines de commandes par jour qu’il fallait gérer. »
Une stratégie digitale bien rodée
Derrière sa marque Foroba, toute une stratégie : poster régulièrement, mettre en avant la provenance des produits… Grâce aux réseaux sociaux, elle a même pu décrocher un contrat avec une grande surface. Un simple message envoyé sur LinkedIn à Auchan a suffi. Mais elle n’abandonne pas la vente directe, qui reste un pilier de son activité : « La vente directe est beaucoup plus intéressante, parce que les marges sont beaucoup plus importantes. Si tu t’y prends bien, la livraison n’est pas à ta charge, c’est le client qui la paye. »
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Une vitrine sur le continent
Beaucoup d’entrepreneurs se sont engouffrés dans cette voie pendant la crise du Covid, période charnière pour la vente en ligne. C’est le cas d’Adja Boudy Kanté. Avec sa société Cereal House, elle écoule 70% de ses mélanges de céréales « made in Sénégal » en ligne. Une réussite rendue possible par le boom du mobile money. Mais vendre à l’international reste un défi, à cause des limites logistiques : « TikTok, Instagram, ce sont les réseaux qui marchent le plus pour mon business. Et sur TikTok, j’ai des demandes de clients qui ne sont pas du Sénégal. Tout est parti d’une publicité que j’ai eue sur le média Brut Afrique. Beaucoup de pays africains m’ont contacté pour avoir mes produits, mais je leur disais que malheureusement, je ne pouvais pas les envoyer. J’ai perdu beaucoup de marchés comme ça. »
Pour gagner en visibilité, certains misent aussi sur les influenceurs, comme l’entrepreneur kényan Benson Wando : via sa plateforme Soko Kijiji, il mutualise les ventes de 300 maraîchères du pays : « On travaille aussi avec nos propres influenceurs en interne, ils font du packaging pour nos produits et interviennent pour faire connaitre à nos clients les meilleurs moyens de faire leurs achats et ensuite de préparer des recettes. »
Le mouvement ne fait que commencer : selon la Banque africaine de développement, le marché du e-commerce agricole pourrait tripler d’ici 2030 sur le continent. Signe que pour les producteurs africains, le futur se jouera autant dans les champs que sur les réseaux sociaux.