Le cobalt de RDC bientôt autorisé à l'exportation, mais en quantité limitée

La République démocratique du Congo donne le feu vert à de nouvelles exportations de cobalt, à compter du 16 octobre, après plusieurs mois d’interdiction. Le pays, principal producteur du métal bleuté utilisé dans les batteries électriques, opte pour un retour contrôlé sur le marché, via l’instauration de quotas d’exportation, jusqu’en 2027.

L’option des quotas n’est pas une surprise, c’était une des quelques hypothèses étudiées par les analystes et experts du marché, qui planchaient depuis plusieurs mois sur des scénarios de reprise. Les opérateurs du secteur, qui vivaient dans l’angoisse de ce qu’allaient décider les autorités congolaises, sont désormais fixés, mais pas forcément soulagés. Les quotas autorisés par la RDC – 18 125 tonnes d’ici fin décembre et 96 600 tonnes les deux années qui suivent – ne vont pas augmenter sensiblement l’offre à court terme et sont inférieurs aux attentes. Leur application pose par ailleurs de nombreuses questions, y compris celle de la capacité du pays à mettre en place des contrôles stricts pour faire respecter les volumes alloués à chaque exportateur.

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Déficit en vue, à court terme

En février 2025, l’interdiction d’exporter a fait s’envoler les prix de tous les produits à base de cobalt : l’hydroxyde de cobalt exporté par le Congo a plus que doublé, et les prix des matériaux de batterie tels que le sulfate et le tétroxyde de cobalt ont atteint des sommets fin août, rapportent les analystes de Project Blue. Mais cette hausse n’était manifestement pas liée à un déficit de l’offre par rapport à la demande : grâce aux stocks hors de RDC, notamment ceux d’Afrique du Sud, de Zambie et de Malaisie, les raffineries chinoises ont en effet pu continuer à s’approvisionner.

Aujourd’hui, elles ne tournent plus à pleine capacité et les stocks d’hydroxyde commencent à être très serrés, pour ne pas dire inexistants, à en croire certaines sources. La pénurie qui n’a pas eu lieu en 2025 se profile donc pour 2026. L’ampleur du déficit varie selon les estimations, de 10 000 tonnes à plus de 60 000 tonnes. Et ce, « même en supposant une baisse de la demande et une croissance plus rapide de la production indonésienne », rapporte Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, qui n’exclut pas un resserrement considérable du marché.

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Diminuer les stocks pour soutenir les prix

L’objectif de la RDC est d’éviter le surplus de production de cobalt métallique en Chine, qui pèse sur les prix, explique l’expert. Le président de l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales et stratégiques du pays (ARECOMS) a confié à l’agence Bloomberg vouloir réduire les stocks mondiaux à l’équivalent d’environ un mois de demande, pas plus.

Le choix de mettre en place des quotas à long terme et serrés montre que la RDC privilégie le soutien des prix au volume exporté, relève l’analyste d’Argus Media. Cette stratégie conforte également, via certaines des clauses prévues, la capacité de la RDC à influencer les cours mondiaux du cobalt, selon Ying Lu de Project Blue.

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