Après trois mois de discussions directes au Qatar, la RDC et le groupe politico-militaire AFC/M23 ont signé le 19 juillet 2025, à Doha, une déclaration de principes. Ce texte, conclu sous l’égide des autorités qatariennes, pose les bases d’un futur accord de paix et marque une avancée dans les efforts de médiation entamés ces derniers mois. Un accord bien accueilli par le parti congolais d’opposition Nouvel Élan, tandis que l’Alliance des forces démocratiques du Congo, qui fait partie de la coalition au pouvoir à Kinshasa, ne le considère pas comme une fin en soi.
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Cet accord de principes est salué en RDC par l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito à la tête du parti d’opposition Nouvel Élan. C’est une étape majeure franchie sur fond de « courage politique » des deux parties en conflit, selon Blanchard Bongomba, le secrétaire général de Nouvel Élan, a-t-il réagi au micro de notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa :
« Nous saluons le courage politique et la responsabilité des différentes parties prenantes qui ont choisi le terrain diplomatique pour mettre un terme à cette crise ayant causé de lourdes conséquences humanitaires, économiques et sociales, tout en félicitant le gouvernement de la RDC pour son engagement résolu en faveur de la paix, principalement dans la partie est du pays. Le parti politique Nouvel Élan est solidaire et en appel à la vigilance dans la mise en œuvre dudit accord. Nous appelons ainsi et encourageons toutes les forces politiques et sociales, ainsi que l’ensemble de notre peuple, à soutenir sans faille ces différents processus de Washington et de Doha pour l’intérêt supérieur de la Nation ».
Blanchard Bongomba, le secrétaire général de Nouvel Élan, le parti d’Adolphe Muzito, réagit à l’accord de Doha
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« Le plus important n’est pas d’arriver à la fin d’un feuilleton militaire »
Modeste Bahati est, avec son parti l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC), la deuxième politique de l’Union sacrée, la coalition au pouvoir. L’actuel vice-président du Sénat se montre, lui, plus prudent, au micro de notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi :
« Le grand enjeu, de mon point de vue, ce n’est pas la signature de cette déclaration de principes, relevant d’ailleurs de pressions extérieures, notamment du Qatar et des États-Unis d’Amérique. Le vrai problème relèvera de l’objet des discussions directes entre le M23 et le gouvernement congolais sur des matières de fond dont nous devons bien cerner les contours, puisqu’il s’agit notamment de discussions sur les causes profondes du conflit. »
Il insiste : « C’est très important pour que les parties prenantes aient le même entendement sur ces causes profondes, afin qu’elles puissent s’entendre. Car, si elles n’ont pas les mêmes perceptions, il y a à craindre qu’on arrive à un accord plutôt factice. » Avant de conclure : « Le plus important ici, ce n’est pas d’arriver à la fin d’un feuilleton militaire autour du M23, mais de créer les conditions d’une paix durable devant garantir la non-résurgence du M23, ainsi que l’intégration d’autres communautés locales, de groupes armés, dans un schéma de paix qui devrait être global et durable. »
Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et Kinshasa, ont signé samedi au Qatar une déclaration de principes comprenant un engagement pour un cessez-le-feu permanent, saluée comme une « avancée » significative pour la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette région, riche en minerais, est en proie aux conflits depuis plus de 30 ans et de précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été conclus puis violés ces dernières années.
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Quelles suites après la signature de la déclaration de principes entre la RDC et l’AFC-M23 ?
« Doha, Washington et ensuite le dialogue national, dans l’idéal, cela devrait s’enchainer ainsi », confiait il y a quelques jours un proche de la présidence congolaise. Trois processus parallèle qui doivent déboucher sur le règlement des causes profondes du conflit dans l’est de la RDC et préparer au mieux les échéances électorales de 2028.
Concernant Doha, le calendrier est désormais clair : il faut un accord de paix d’ici le 17 août. Les deux parties sont donc de nouveau attendues autour de la table avant le 8 du même mois. Pour Washington, si un accord a été signé, il reste l’étape de son appropriation par les chefs d’État du Rwanda et de la RDC. Cela devait avoir lieu à la mi-juillet. Finalement, la rencontre a été repoussée. Selon certaines sources, elle pourrait même avoir lieu après la signature de l’accord de paix de Doha.
Il reste enfin le dialogue national en RDC. Il y a aujourd’hui une large adhésion de la classe politique congolaise pour cette initiative, souligne notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi. « Mais il faut que cela aille vite », estiment plusieurs responsables pour tenir les délais avant les prochaines échéances électorales. Des discussions sont en cours entre la présidence et les religieux, mais aucun calendrier n’a encore été avancé.