Guinée-Bissau : le pari risqué du retour de Domingos Simões Pereira

Domingos Simões Pereira
Domingos Simões Pereira

De retour à Bissau après neuf mois d’exil, Domingos Simões Pereira a été investi candidat à la présidentielle du 23 novembre par le PAIGC. Opposant historique et rival d’Umaro Sissoco Embaló, il revient avec la promesse d’une alternance mais sous la menace de poursuites judiciaires. Ce duel, déjà éprouvé en 2019, s’annonce comme une revanche décisive pour l’avenir politique d’un pays en proie à l’instabilité chronique.

L’opposant historique Domingos Simões Pereira, ancien Premier ministre et chef du PAIGC, a fait un retour remarqué à Bissau après neuf mois d’exil. Son retour n’est pas seulement symbolique : il a immédiatement été investi par son parti comme candidat à la présidentielle du 23 novembre, où il affrontera une nouvelle fois le président sortant Umaro Sissoco Embaló. Entre promesse de changement et menaces judiciaires, son pari politique pourrait redessiner le paysage bissau-guinéen.

Un retour sous haute tension

Vendredi 19 septembre, l’arrivée de Domingos Simões Pereira à l’aéroport de Bissau s’est faite sous un impressionnant dispositif sécuritaire. L’opposant avait quitté son pays en décembre dernier, invoquant des menaces pour sa vie après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Embaló. Durant ses neuf mois passés au Portugal, il n’a cessé de dénoncer la dérive autoritaire du régime et de préparer son retour en scène.

Dès le lendemain, son parti, le PAIGC, l’a désigné candidat à l’unanimité ou presque, avec 97,3 % des suffrages du comité central. L’opposant a aussitôt accepté cette mission, se déclarant « prêt à affronter le défi électoral » et à « gagner les prochaines élections avec une légitimité morale et légale aux côtés du peuple bissau-guinéen ».

Entre poursuites judiciaires et ambitions présidentielles

Si Domingos Simões Pereira revient auréolé du soutien de son parti, il n’en reste pas moins un candidat fragilisé. La justice guinéenne le poursuit pour corruption et tentative de coup d’État, des accusations qu’il rejette en bloc et qualifie de « montages politiques » destinés à écarter l’opposition.

Ce double statut, à la fois de poursuivi et de prétendant à la magistrature suprême, nourrit les tensions à l’approche d’un scrutin que la communauté internationale suivra de près. Ses partisans dénoncent un climat de peur et de répression, tandis que le président Embaló a déjà prévenu qu’il « ne tolérerait aucune contestation des résultats ».

Un duel aux allures de revanche

La confrontation entre Embaló et Simões Pereira n’est pas nouvelle. Déjà en 2019, les deux hommes s’étaient affrontés lors d’une présidentielle chaotique, dont l’issue avait été reconnue seulement après l’arbitrage de la Cedeao, qui avait validé la victoire d’Embaló.

Cette fois, l’opposant revient avec une rhétorique plus offensive, dénonçant la « capture des institutions » et promettant un projet fondé sur « la transparence, le dialogue inclusif et la justice sociale ». Le duel à venir s’annonce donc comme une revanche politique mais aussi comme un test pour la maturité démocratique d’un pays miné par les coups d’État et l’instabilité chronique.

La Guinée-Bissau à la croisée des chemins

Ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État réussis et dix-sept tentatives depuis son indépendance. Dans ce pays où les alternances se font souvent dans la violence, le retour de Domingos Simões Pereira ajoute un nouvel élément d’incertitude.

Le scrutin du 23 novembre pourrait marquer une étape décisive : soit il consolide le pouvoir d’Embaló pour un second mandat, soit il ouvre la voie à une alternance incarnée par un opposant prêt à défier les risques judiciaires et sécuritaires pour briguer la présidence. Dans tous les cas, l’avenir politique du pays se jouera dans les urnes, et peut-être dans les tribunaux.

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