Afrique de l'Est: Le barrage perçu comme levier de développement régional, selon des journalistes soudanais

Addis-Abeba — Des journalistes soudanais ont souligné l’importance du Grand barrage de la Renaissance en tant qu’initiative de développement cruciale pour le continent africain, soulignant son potentiel à accélérer le développement dans toute la région.
L’Éthiopie a récemment inauguré le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, capable de générer 5 150 mégawatts d’électricité, le plaçant ainsi parmi les 10 plus grands barrages hydroélectriques au monde.
Ce barrage devrait alimenter en électricité des millions d’Éthiopiens et contribuer significativement à la croissance industrielle du pays, tout en fournissant de l’électricité aux pays voisins, comme le Soudan.
Dans une interview exclusive avec l’Agence de presse éthiopienne, les journalistes soudanais Abu Bakr Al-Samani et Mohamed Hamed Jumaa ont réfuté les allégations de l’Égypte et de certains groupes au Soudan qui prétendent que le GERD constitue une menace existentielle pour les pays en aval.
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Ils ont souligné que le barrage est un projet continental stratégique qui ne menace aucunement les pays en aval, mais offre au contraire d’importantes perspectives de développement à toute la région.
Le barrage dynamisera l’agriculture au Soudan en permettant aux agriculteurs de tirer parti des différentes saisons de culture, et le pays pourra bénéficier de l’électricité produite, ont noté les journalistes.
L’électricité produite par le GERD alimentera les pays de la région, ce qui est essentiel pour un développement partagé et une intégration régionale accrue, ont-ils ajouté.
Abu Bakr Al-Samani, correspondant de Radio Méditerranée Maroc en Éthiopie, a souligné que les craintes exprimées par certains médias égyptiens et soudanais concernant un arrêt du débit d’eau manquaient de fondement scientifique.
Il a précisé que la phase de remplissage a démontré le maintien du débit naturel d’eau, sans aucun impact négatif sur les pays en aval.
Le correspondant marocain a également souligné que de tels projets à grande échelle dépassent les avantages locaux ; ils servent de modèle pour le progrès continental et mondial. Il a appelé à une approche rationnelle, exempt de sensationnalisme médiatique.
Il a souligné la nécessité pour les pays en aval de collaborer stratégiquement avec le gouvernement éthiopien pour garantir un accès abordable à l’électricité.
Mohamed Hamed Jumaa, journaliste spécialisé dans les affaires africaines et ancien rédacteur en chef et fondateur du journal Al-Sahafa au Soudan, partage le même avis que Al-Samani concernant les avantages du barrage pour le Soudan.
Jumaa souligne que ces avantages ne se limitent pas à l’agriculture et à l’électricité, mais englobent également les profondes mutations économiques et sociales en cours dans la région, notamment le long de la frontière.
Selon lui, un approvisionnement électrique stable peut constituer la base d’une renaissance industrielle et commerciale, stimulant l’économie locale. Il explique les immenses opportunités que le Soudan pourra saisir grâce à ce barrage hydroélectrique.
« Les économies des États frontaliers du Nil Bleu et de Kassala, ainsi que de Gedaref et de l’État de la Mer Rouge, seront profondément transformées par un approvisionnement électrique fiable et continu.
Cet impact positif s’étendra à tout le Soudan oriental, favorisant la croissance économique et les activités commerciales. Les communautés locales du Soudan oriental bénéficieront ainsi de progrès significatifs. »
Concernant les positions de certains responsables soudanais, Jumaa rappelle la reconnaissance par Khartoum du droit de l’Éthiopie à construire le barrage, ainsi que la nécessité de discuter de certains aspects techniques, tels que le fonctionnement et l’échange d’informations.
Il insiste sur la nécessité d’aborder ces questions avec calme et réalisme, en évitant les suppositions négatives non fondées.
Le journaliste soudanais s’inquiète des débats médiatiques actuels dans certains médias arabes, qui reposent sur l’émotion plutôt que sur des principes techniques ou scientifiques.
Il souligne que la plupart des craintes concernant un éventuel effondrement ou dommage du barrage ne reposent sur aucune étude scientifique sérieuse. Jumaa souligne que transformer ce projet en un terrain de conflits serait néfaste.
Les journalistes ont évoqué l’expérience du barrage d’Assouan en Égypte, qui a entraîné la destruction de la civilisation dans la région de Halfa, sans que le Soudan n’en tire aucun bénéfice en matière d’électricité. Ceci souligne d’autant plus l’importance pour le Soudan de saisir les opportunités offertes par le barrage de la Renaissance.
Ils ont conclu en affirmant que le Soudan a besoin d’une renaissance agricole et économique, fondée sur une utilisation optimale de ses ressources hydriques.
Ils ont souligné que le dialogue et la coopération avec l’Éthiopie, tout en veillant à un équilibre dans la résolution des différends, constituent la meilleure voie pour préserver les intérêts de tous les pays concernés.