Sud-Soudan: Un rapport de l'ONU dénonce un pillage systématique des ressources pétrolières par les dirigeants

L’ONU accuse les dirigeants au pouvoir au Soudan du Sud de se livrer à un véritable pillage en s’accaparant les ressources pétrolières du pays. Ce rapport de la Commission des Nations unies sur les droits de l’homme détaille comment les revenus pétroliers et non pétroliers sont détournés par le biais de montages opaques et au gré d’intérêts politiques, privant des millions de Sud-Soudanais de services de base.
Les mots choisis dans le rapport de l’ONU sont accablants : « prédation rapace », « concurrence violente », « effondrement de l’État » et « négligence délibérée » des populations. Selon cette enquête, le pétrole a rapporté entre 2011 et 2024 25 milliards de dollars. Une somme colossale bien que le Soudan du Sud reste le pays le plus pauvre au monde.
Un des cas emblématiques de ces détournements massifs est le programme « Pétrole contre routes », dirigé par Benjamin Bol Mel, second vice-président. Il a servi selon l’ONU à détourner environ 2,2 milliards de dollars, hors budget, et a englouti certaines années jusqu’à 60% des fonds dépensés par l’État. Mais la plupart des routes promises n’ont pas été construites.
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Benjamin Bol Mel est un proche de Salva Kiir mais selon le rapport, les deux camps qui se disputent le pouvoir sont concernés. L’ampleur de la corruption a même augmenté en 2018 après l’accord de paix.
De nombreux mécanismes de détournement
Les mécanismes de détournement sont nombreux, du bradage des cargaisons de pétrole à la manipulation du taux de change officiel de la livre sud-soudanaise. Certains ministères, comme celui de la Santé, ne reçoivent même pas la totalité du budget qui leur est alloué par le Parlement chaque année.
In fine concluent les auteurs, la corruption à grande échelle n’est ni plus ni moins que le « moteur » du déclin du Soudan du Sud, en crise quasi perpétuelle depuis son indépendance.