Sénégal: Laveurs de voitures à Dakar – La débrouille pour survivre dans la capitale

Dakar — Non loin du bureau de poste de Médine, à Dakar, les laveurs de véhicules sont des figures familières du paysage urbain. Ils font partie du décor de cette zone située entre le quartier de la Médina et le centre-ville de la capitale sénégalaise. Ces jeunes proposent leurs services de lavage de véhicules pour gagner leur vie.
Il est 10 heures passées et le soleil déploie ses rayons ardents. Malgré la chaleur torride en cette matinée, l’animation ne faiblit pas. Les ruelles grouillent de monde. Les piétons pressent le pas, les marchands ambulants crient hèlent à voix haute les passants. Les taxis et autres véhicules particuliers klaxonnent pour se frayer un passage dans ce brouhaha incessant.
En cette matinée du mois de septembre, des jeunes laveurs de voitures, tenant des bidons et des sceaux d’eau bordent l’avenue Blaise Diagne.
Ils guettent le moindre mouvement des voitures. Ils forment un groupe d’une quinzaine de personnes.
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Parmi eux, un jeune attire particulièrement l’attention. Pantalon déchiré, casquette sur la tête, il tient entre ses mains un sachet contenant des morceaux d’éponges, du savon liquide. Adossé à un taxi déjà lavé, Ibrahima Diouf, âgé de vingt-cinq ans, observe avec concentration le mouvement des voitures.
Originaire de Fisell, commune rurale située entre Thiès et Mbour, il vit à Dakar depuis deux ans. « J’ai commencé à laver les véhicules dès ma première semaine à Dakar. Vu que je n’avais d’alternative, je me suis lancé dans cette activité afin de gagner ma vie », dit-il, tout en indiquant du doigt à un automobiliste l’endroit où garer sa voiture. « Laver des voitures est un travail ouvert à tous et, ici, chacun s’active pour son propre compte », précise-t-il.
Cette activité est le reflet d’une jeunesse dégourdie, capable de transformer chaque situation en opportunité d’affaires.
Ici, l’air est empli du parfum de la mousse savonneuse qui s’échappe des sceaux débordants d’eau.
Les laveurs trouvent l’eau grâce à une pompe située devant une maison, près d’un atelier de menuiserie, non loin d’une station d’essence sise sur l’avenue Blaise Diagne.
Mamadou Ndiaye, âgé de vingt ans, également originaire de Fisell, déclare qu’il achète le sceau d’eau à 75 francs CFA. La sueur dégoulinant de son front, il marche difficilement à cause de la lourdeur des deux sceaux qu’il porte jusqu’au véhicule qu’il va laver.
Pour tous ces jeunes laveurs, ce travail, bien plus qu’un gagne-pain, est leur principale source de revenus.
« Ce travail marche très bien. On peut parfois gagner 15 000 francs CFA dans la journée. Toutefois, on n’est parfois chassé des lieux par la police », révèle Mbaye Sarr, originaire de Dadague, commune de Ndagalma, région de Diourbel (centre). Il s’active dans ce travail depuis un an.
Comme ces camarades, il souhaite s’épanouir dans cette activité, qu’il considère comme un tremplin, le temps de faire un peu plus d’argent pour se lancer dans d’autres projets qu’il préfère ne pas dévoiler pour le moment.
Faisant d’incessants va-et-vient, Birame Séne, trentenaire svelte, déplore, quant à lui, le manque de soutien de la part des autorités. « Nous ne sommes pas ni des voleurs ni des agresseurs et nous ne voulons pas faire la manche », dit-il. « Alors, nous demandons aux pouvoirs publics de nous trouver un espace pour travailler en toute liberté. Nous gagnons notre vie grâce à ce métier », ajoute-t-il
Amadou Diop, chauffeur de taxi clando, qui fréquente ce lieu depuis trois ans, apporte son soutien à ces jeunes, qu’il appelle « les guerriers » du fait de leur abnégation. « Il ont vraiment besoin d’aide. Ils sont là tous les jours, sous le chaud soleil », constate-t-il.
Cependant, certains passants se plaignent fréquemment de la mousse qui déborde des sceaux d’eau et du ruissellement que cela occasionne sur la chaussée et les voies piétonnes. Pour les laveurs de véhicules, cette situation devrait ainsi pousser les autorités municipales à leur trouver des endroits où faire correctement leur travail sans causer de gêne aux usagers de la route.