Afrique du Sud : une commission d’enquête sur les liens entre politique et crime organisé

Cyril Ramaphose, Président d'Afrique du Sud
Cyril Ramaphose, Président d’Afrique du Sud

En Afrique du Sud, une commission d’enquête judiciaire a été lancée pour examiner des soupçons de collusion entre responsables politiques et réseaux criminels. Ordonnée par Cyril Ramaphosa, elle intervient dans un pays miné par une criminalité endémique et une succession de scandales de corruption. Le témoignage du chef de la police régionale, Nhlanhla Mkhwanazi, a déjà entraîné la suspension du ministre Senzo Mchunu.

Cette affaire met en lumière la fragilité des institutions et la difficulté à rétablir la confiance de la population.

Le coup d’éclat d’un policier haut gradé

Premier témoin à comparaître, le chef de la police régionale du KwaZulu-Natal, Nhlanhla Mkhwanazi, a ravivé le débat. Lors d’une conférence de presse en juillet, il avait accusé son ministre de tutelle, Senzo Mchunu, d’avoir des liens financiers avec un homme d’affaires poursuivi pour corruption et tentative de meurtre. Plus grave encore, il l’a accusé d’avoir contribué à l’enterrement de plus de cent enquêtes criminelles. Ces révélations spectaculaires ont mené à la suspension du ministre. Il a été contraint de se mettre en retrait sur décision présidentielle.

Des institutions fragilisées

Devant la commission présidée par le magistrat Mbuyiseli Madlanga, Mkhwanazi a insisté sur les dangers qui pèsent sur l’appareil judiciaire. « Le système de lutte contre la criminalité fait depuis longtemps l’objet de menaces et de sabotages », a-t-il déclaré. Il a averti d’un risque d’effondrement total si des réformes urgentes ne sont pas engagées. Par ailleurs, l’enquête prévoit plusieurs jours d’auditions, et le ministre incriminé devra lui aussi être entendu.

Un processus sous surveillance

La commission, qui dispose d’un délai de six mois pour rendre ses conclusions définitives, n’a qu’un pouvoir consultatif. Ses recommandations ne pourront être appliquées que si le président Ramaphosa en décide ainsi. Cette limite alimente déjà le scepticisme de nombreux observateurs. Ils doutent de la capacité réelle de l’initiative à transformer un système profondément gangrené.

Entre enjeux politiques et lutte contre la corruption

Âgé de 67 ans, Senzo Mchunu, longtemps considéré comme un possible successeur de Cyril Ramaphosa à la tête de l’ANC, voit son avenir politique sérieusement compromis. L’affaire illustre les liens troubles entre pouvoir et criminalité organisée qui minent la première économie du continent, où la défiance de la population envers les institutions ne cesse de croître. Un premier rapport d’étape est attendu dans trois mois.

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