États-Unis: cinq migrants ouest-africains expulsés vers le Ghana saisissent la justice

Alors que le président ghanéen, John Dramani Mahama, a confirmé l’arrivée dans son pays de 14 migrants ouest-africains expulsés des États-Unis à la suite d’un accord passé entre Accra et Washington, cinq d’entre eux ont décidé de contester en urgence la légalité de leur transfert au Ghana devant les tribunaux américains.

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Au Ghana, une nouvelle controverse se fait jour après l’annonce d’un accord entre Washington et Accra par lequel le pays d’Afrique de l’Ouest rejoint la liste de ceux qui ont accepté d’accueillir sur leur sol des personnes en situation irrégulière expulsées des États-Unis, à savoir le Rwanda, Eswatini, et le Soudan du Sud.

Alors que le président ghanéen, John Dramani Mahama, a confirmé, mercredi 10 septembre, qu’un groupe de 14 ressortissants ouest-africains étaient arrivés au Ghana et qu’ils allaient être renvoyés dans leur pays d’origine, cinq d’entre eux ont saisi en urgence la justice américaine pour contester la légalité de leur expulsion.

La décision du Ghana d’accueillir les ressortissants ouest-africains expulsés des États-Unis serait-elle contraire à la constitution du Ghana ? C’est en tout cas ce qu’affirme l’opposition parlementaire ghanéenne. Dans un communiqué publié vendredi 12 septembre, les membres du Nouveau parti patriotique indiquent qu’aucun accord de la sorte n’a été présenté au Parlement pour ratification, alors que la constitution le prévoit.

Crainte sur un « alignement » avec la politique de Trump

Autre crainte soulevée par les députés d’opposition : que le Ghana donne « l’impression de s’aligner sur le régime actuel de contrôle de l’immigration du gouvernement américain, critiqué pour sa sévérité et sa discrimination. » Des allégations, auxquelles a répondu, ce 15 septembre, le ministre ghanéen des Affaires étrangères lui-même, Samuel Okudzeto Ablakwa. 

« Le président a déjà révélé qu’un premier groupe d’individus expulsés, au nombre de 14, était déjà arrivé à Accra. Parmi eux se trouvaient des ressortissants du Nigéria et de Gambie, qui ont été aidés pour retourner dans leurs pays respectifs. Le président n’a absolument rien à cacher sur le sujet. Ce protocole d’accord avec les États-Unis a été minutieusement discuté avec le cabinet présidentiel, et a également été élaboré avec l’avis du procureur général. Selon une convention établie, les protocoles d’accords ne sont pas envoyés au Parlement pour ratification. Le Ghana n’a ni reçu, ni cherché à obtenir, quelconque compensation financière ou avantage matériel lié à ce protocole d’accord. Notre décision vise uniquement à offrir un refuge temporaire quand il est nécessaire, à éviter de novelles souffrances humaines, et à maintenir notre crédibilité en tant qu’acteur régional responsable. Et cela ne doit pas être interprété comme soutien aux politiques d’immigrations menées par l’administration de Donald Trump ».

Les avocats des migrants estiment, eux, que cet accord pourrait mettre leur vie en danger. Le groupe de plaignants est composé de trois Nigérians et de deux Gambiens qui ont été extraits d’un centre de détention de Louisiane, le 5 septembre dernier, avant d’être embarqués de force dans un avion militaire américain sans être informés de leur destination, si l’on en croit la plainte déposée en leur nom outre-atlantique. Toujours selon le document, certains, parmi eux, auraient été immobilisés pendant plus de 16 heures et seraient aujourd’hui détenus au Ghana dans des conditions « inhumaines ».

Expulsions « trompeuses »

Sur ces cinq individus, l’un – un homme bisexuel – a même déjà été renvoyé vers la Gambie, son pays d’origine, où il est obligé de se cacher, l’homosexualité étant considérée comme un acte criminel à Banjul.

Qualifiant ces expulsions de « trompeuses » parce qu’elles peuvent permettre de « contourner » les mécanismes de protections judiciaires accordées à certains migrants, la juge saisie de l’affaire s’estime toutefois incompétente pour exiger le retour des plaignants aux États-Unis.

Cette dernière a cependant demandé aux représentants du gouvernement américain de fournir une déclaration sous serment des mesures qu’il a prises pour s’assurer que ces migrants ne seront pas renvoyés vers des pays où ils sont susceptibles d’être persécutés.

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