Congo-Kinshasa: Pétition contre le président de l'Assemblée nationale

Le 15 septembre 2025 marquait la rentrée parlementaire en République démocratique du Congo (RDC) où députés et sénateurs faisaient leur retour au Palais du peuple de Kinshasa pour participer à l’ouverture solennelle de la session ordinaire 2025-2026.

Une rentrée consacrée au budget, mais qui s’est passée dans un contexte de fortes tensions en raison de la pétition de destitution introduite contre le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe ! Mais aussi contre son homologue du Sénat, Jean-Louis Sama Lukonde. Les griefs retenus contre l’occupant du perchoir et qui lui valent cette fatwa des élus du peuple, dont plus de la moitié du demi-millier que compte le parlement a donné sa signature, sont aussi divers que variés.

Le contrôle de l’Assemblée nationale est devenu un sujet d’enjeu majeur en RDC

Il lui est notamment reproché un manque de transparence dans sa gestion, le retard ou le blocage présumé du contrôle parlementaire, des arriérés de plusieurs mois dans les frais de fonctionnement de l’institution et une couverture médicale inadéquate pour les élus. Des accusations balayées du revers de la main par les partisans de cet allié historique du président Tshisekedi, qui se retrouve une fois de plus sous le feu des projecteurs.


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Et ce, après son retentissant procès qui lui avait valu une condamnation en 2020, alors qu’il occupait les fonctions de Directeur de cabinet du chef de l’Etat. Il aura fallu la Cour de cassation pour annuler sa condamnation en appel, le tirant ainsi du pétrin de la peine de treize ans de prison qui avait été prononcée à son encontre.

La question qui se pose est de savoir si cette fois encore, Vital Kamerhe se tirera d’affaire. La question est d’autant plus fondée que ce n’est pas la première fois que l’intéressé est visé par une procédure. Mais le patron de l’Hémicycle a toujours fini, d’une manière ou d’une autre, par tirer son épingle du jeu pour se maintenir au-devant de la scène politique congolaise. Et dans le cas d’espèce, le leader de l’UNC (Union pour la nation congolaise) et ses partisans voient derrière cette affaire, « un règlement de comptes » politique.

Quoi qu’il en soit, pour eux, ces accusations sont « sans fondement ». Et, selon eux, il n’y a d’autant pas de quoi fouetter un chat, qu’il est de notoriété publique que le budget de l’Assemblée nationale a connu une forte réduction, rendant difficile son fonctionnement, et empêchant toute augmentation des émoluments et autres avantages. La question qui se pose alors est de savoir qui en veut au président de l’Assemblée nationale, au point de vouloir l’éjecter de son fauteuil.

La question est d’autant plus justifiée que dans le contexte actuel de crispation au niveau de l’Exécutif, sur fond de crise persistante dans l’Est du pays, tout porte à croire que le contrôle de l’Assemblée nationale est devenu un sujet d’enjeu majeur en RDC où la majorité au pouvoir, l’Union sacrée de la nation (USN), est constituée d’une coalition hétéroclite de partis et « rassemblements » politiques autour du président Félix Tshisekedi.

Il appartient au président Félix Tshisekedi de savoir fédérer les énergies de ses soutiens

Toujours est-il que l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, a tenu à clarifier la situation en affirmant ne pas être à l’origine de la procédure en cours, même si elle est aussi portée par ses élus. En tout état de cause, ces mouvements de défiance aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, ne sont pas loin de traduire un profond malaise au sein des institutions législatives en RDC.

Et le fait que cela émane d’élus de la majorité au pouvoir, semble symptomatique des guerres souterraines qui s’y mènent. Lesquelles pourraient être préjudiciables à la cohésion de l’Union sacrée et à l’équilibre de la majorité parlementaire. C’est dire si au-delà de ces pétitions, il appartient au président Félix Tshisekedi de savoir fédérer les énergies de ses soutiens à l’effet de les recentrer autour des priorités nationales, au risque de fragiliser davantage son pouvoir face à une adversité de plus en plus grandissante.

La RDC n’a pas besoin d’ajouter une crise institutionnelle à la crise sécuritaire à l’Est, qui met déjà le pays à rude épreuve. Et avec ces tiraillements susceptibles de compromettre la capacité du législatif à remplir son rôle constitutionnel, il faut craindre que la quête de la paix dans l’Est du pays, ne soit reléguée au second plan des priorités.

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