Burkina Faso: HRW dénonce des crimes de guerre dans le Sahel

Les autorités devraient agir pour renforcer la protection des civils ; l’UA devrait faire pression pour que les responsables soient traduits en justice

  • Deux groupes armés islamistes ont tué plusieurs dizaines de civils lors de trois attaques distinctes dans le nord du Burkina Faso depuis le mois de mai.
  • Depuis le début de leur insurrection au Burkina Faso en 2016, les groupes armés islamistes ont, à plusieurs reprises, attaqué et déplacé de force des dizaines de milliers de civils. Le gouvernement cible de plus en plus les civils lors de ses opérations de contre-insurrection.
  • Les autorités devraient assurer une meilleure protection de tous les civils en danger, enquêter sur les abus, y compris ceux commis par l’armée et les milices alliées, et juger les responsables lors de procès équitables.

(Nairobi) – Deux groupes armés islamistes ont tué plusieurs dizaines de civils au cours de trois attaques distinctes dans le nord du Burkina Faso depuis mai 2025, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces attaques ont violé le droit international humanitaire, et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.


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Un groupe armé lié à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), a attaqué la ville de Djibo, dans la région du Sahel, le 11 mai, et le village de Youba, dans la région du Nord, le 3 août, tuant au total au moins 40 civils. L’État islamique au Sahel (EIS) a attaqué un convoi civil transportant de l’aide humanitaire vers la ville assiégée de Gorom Gorom, dans la région du Sahel, le 28 juillet, tuant au moins 9 civils.

« Les groupes armés islamistes au Burkina Faso sont responsables d’atrocités répétées contre les civils depuis 2016 », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités devraient assurer une meilleure protection de tous les civils en danger, enquêter sur les abus, y compris ceux commis par l’armée et les milices alliées, et juger les responsables lors de procès équitables. »

Depuis le début de leur insurrection au Burkina Faso en 2016, les groupes armés islamistes ont, à plusieurs reprises, attaqué et déplacé de force des dizaines de milliers de civils. Le gouvernement burkinabè, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en 2022, cible de plus en plus les civils lors de ses opérations de contre-insurrection.

Entre mai et août 2025, Human Rights Watch a mené des entretiens par téléphone avec 23 personnes, dont 14 témoins d’abus et 9 activistes de la société civile, membres du système judiciaire, chefs communautaires, journalistes et membres de milices.

Le GSIM a revendiqué l’attaque du 11 mai sur Djibo, au cours de laquelle des centaines de combattants ont envahi une base militaire, saisi des armes et tué des dizaines de soldats. Les combattants sont entrés dans plusieurs quartiers de la ville, y ont exécuté au moins 26 civils et incendié des boutiques et des centres médicaux. Selon des témoins, les combattants ont ciblé des civils appartenant à des sous-groupes de l’ethnie peule, qu’ils accusaient d’avoir rejoint ou de soutenir les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des auxiliaires civils qui assistent les forces armées dans les opérations de contre-insurrection.

« Nous avons trouvé les corps, y compris ceux d’hommes très âgés, à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs maisons », a raconté un homme de 56 ans. « Beaucoup ont été abattus d’une balle dans la tête. »

Le 3 août, le GSIM a attaqué le village de Youba et tué 14 civils, dont une femme et quatre enfants, dont deux sont morts après que des combattants ont mis le feu à une boutique dans laquelle ils s’étaient cachés. D’après les habitants, l’attaque visait à punir la communauté parce qu’elle n’avait pas respecté les ordres du GSIM de ne pas cultiver de cultures hautes qui, selon les combattants, gênaient leurs opérations.

Dans une réponse du 15 août aux questions de Human Rights Watch, le Comité chariatique du GSIM au Burkina Faso a écrit que le GSIM « n’a jamais, et ne saurait jamais, viser intentionnellement des civils. Si certains prétendent que des exactions auraient été commises à Djibo, à Youba ou dans toute autre localité, il ne saurait s’agir que d’allégations dénuées de fondement, ou, tout au plus, d’incidents fortuits dus à des projectiles perdus, dont nous n’avons pas eu connaissance. »

Le 21 août, Human Rights Watch a adressé un courrier aux ministres de la Justice et de la Défense du Burkina Faso pour leur communiquer les conclusions de ses recherches et des questions, mais n’a reçu aucune réponse.

En juillet, l’EIS a attaqué un convoi civil escorté par des soldats et des milices burkinabè. Le convoi transportait des civils ainsi que de la nourriture et d’autres fournitures humanitaires destinées à la ville assiégée de Gorom Gorom. Des témoins et d’autres sources ont confirmé que le convoi ne transportait pas d’armes ou de matériel militaire.

« Je me souviens de la peur ressentie ce jour-là », a raconté un survivant âgé de 52 ans. « J’ai entendu de nombreux coups de feu et des cris. J’ai sauté du camion, je me suis accroupi les mains sur la tête et j’ai attendu mon sort. »

Toutes les parties au conflit armé au Burkina Faso sont soumises au droit international humanitaire, notamment à l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et au droit de la guerre coutumier. Le droit de la guerre interdit les exécutions sommaires, les attaques contre des civils et des biens à caractère civil, ainsi que le pillage, entre autres violations.

Toutes les parties belligérantes sont tenues de faciliter l’acheminement d’une aide humanitaire impartiale. Un convoi civil ne peut être considéré comme un objectif militaire au motif qu’il est escorté par du personnel miliaire. Les attaques contre les combattants doivent respecter les principes de prise de toutes les précautions possibles pour limiter au maximum les dommages causés aux civils, de distinction entre civils et combattants et de proportionnalité.

Le gouvernement a l’obligation de mener des enquêtes impartiales et de poursuivre de manière appropriée les personnes impliquées dans des crimes de guerre, qui constituent de graves violations du droit de la guerre commises avec une intention criminelle.

En 2017, le Burkina Faso a créé dans la capitale, Ouagadougou, un Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme, avec des juges et du personnel dédiés et une chambre de première instance afin d’enquêter sur les crimes présumés commis par les membres de groupes armés islamistes. Les enquêtes ont toutefois progressé lentement et le pôle manque de fonds et de personnel, ce qui entrave sa capacité à s’acquitter de son mandat et à garantir les droits à une procédure régulière.

De même, les autorités burkinabè ont fait peu de progrès dans les enquêtes et les poursuites contre les membres des forces de sécurité gouvernementales qui ont été impliqués dans de graves atteintes aux droits humains au cours d’opérations de contre-insurrection, comme l’a documenté Human Rights Watch.

Le 17 juillet, l’Union africaine a nommé le président burundais Évariste Ndayishimiye en tant qu’envoyé spécial pour la région du Sahel, malgré le bilan de son propre gouvernement en matière de violations des droits humains. Néanmoins, Évariste Ndayishimiye dispose d’une occasion de renforcer la réponse de l’UA aux problèmes de droits humains les plus urgents auxquels est confronté le gouvernement du Burkina Faso, y compris en incitant à la responsabilisation pour les crimes commis par toutes les parties au conflit, a déclaré Human Rights Watch.

« L’envoyé spécial de l’UA devrait faire pression sur le gouvernement du Burkina Faso pour qu’il mène des enquêtes et traduise en justice de manière appropriée tous les responsables d’abus graves commis dans le conflit au Burkina Faso », a conclu Ilaria Allegrozzi. « L’UA devrait fournir un soutien technique et financier au Pôle judiciaire spécialisé afin qu’il puisse remplir efficacement son mandat essentiel. »

Pour prendre connaissance des témoignages et d’autres précisions sur les attaques, veuillez lire la suite. Les noms des personnes interrogées n’ont pas été divulgués afin de garantir leur protection.

Attaque du GSIM à Djibo, région du Sahel, 11 mai

Le 11 mai, le GSIM a mené une attaque majeure à Djibo, ciblant à la fois les forces de sécurité gouvernementales et les civils. D’après des médias et des témoins, des centaines de combattants à moto ont fait irruption dans la ville et pris le contrôle de sa base militaire, avant d’exécuter au moins 26 civils dans plusieurs quartiers.

Le GSIM assiège la ville de Djibo depuis plus de trois ans, privant la population de nourriture, de produits de première nécessité et d’aide humanitaire, ce qui a provoqué l’apparition de maladies et la famine parmi les habitants.

L’attaque

Des témoins ont indiqué que l’attaque avait commencé vers 5 heures du matin et que les combattants du GSIM étaient restés dans la ville jusqu’en fin d’après-midi.

« J’ai entendu une forte explosion venant du Secteur 4, où se trouve la base militaire, suivie de coups de feu sifflant au-dessus de nos têtes », a raconté une femme de 35 ans. « Les tirs se sont poursuivis presque toute la journée, même si vers 13 heures, il y en avait moins. Nous nous sommes cachés dans la maison en pleurant et en priant. »

Un forgeron de 46 ans a relaté que quatre combattants du GSIM, dont un qu’il a reconnu, sont entrés par effraction dans sa maison située dans le Secteur 2, et ont ordonné à son frère et lui-même de sortir :

Il [le combattant qu’il a reconnu] m’a dit : « Je suis ici pour venger le meurtre de mon père. Ton frère avait dénoncé mon père à l’armée, et l’armée l’a tué dans ta forge. » Mon frère s’est figé à côté de moi. Il a essayé de fournir des explications. Mais ils ne l’ont pas écouté. J’ai demandé grâce [au combattant]. Il ne m’a pas écouté non plus, mais il a dit qu’ils ne me tueraient pas parce que je ne figurais pas sur la liste des personnes ayant dénoncé des civils à l’armée. Alors il a tiré [trois fois] sur mon frère, une balle dans la tête et deux balles dans la poitrine.

Le forgeron a confirmé qu’en novembre 2024, des soldats d’un Bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité des forces spéciales intervenant dans les opérations de contre-insurrection, ont tué le père du combattant du GSIM dans sa forge. Il a indiqué que la victime n’était pas un membre du groupe armé.

Des témoins ont expliqué que les habitants se sont cachés dans leurs maisons pendant trois jours, jusqu’à ce que des renforts militaires arrivent et sécurisent la ville. « Lorsque nous sommes sortis, nous avons constaté que de nombreuses personnes avaient été tuées, principalement dans le Secteur 2 », a raconté un homme de 50 ans. « J’y ai aidé à récupérer les corps de plus de 20 hommes et femmes. »

Un homme de 48 ans a décrit avoir trouvé dans le Secteur 2 le corps d’un membre de la famille Tamboura âgé de 93 ans « allongé sur son lit et criblé de balles », ainsi que le corps d’une femme de 30 ans qui avait été tuée d’une balle dans la tête. « Il nous a fallu trois jours pour récupérer les corps », a-t-il ajouté.

Un homme de 56 ans a déclaré : « La plupart des corps se trouvaient dans le Secteur 2, mais des personnes ont aussi été tuées dans d’autres quartiers. » Il a expliqué qu’au marché du Secteur 1, il avait trouvé le corps « criblé de balles » d’un homme de 47 ans qui était atteint d’un handicap psychosocial (problème de santé mentale).

Les habitants ont fourni une liste avec les noms des 26 victimes, dont 3 femmes, âgées de 28, 30 et 32 ans, et 23 hommes, âgés de 27 à 93 ans. Parmi les victimes, 16 appartenaient à la famille Tamboura.

Des témoins ont signalé que les combattants ont également incendié des dizaines de boutiques dans le marché central du Secteur 1, ainsi qu’une pharmacie, et ont pillé un centre médical. Des images satellites analysées par Human Rights Watch ont confirmé les incendies.

Les témoins ont indiqué qu’ils ont quitté Djibo dès qu’ils ont pu. Le 27 juin, un convoi de ravitaillement escorté par l’armée est arrivé à Djibo. Lorsque le convoi est reparti un mois plus tard, ils l’ont suivi pour rejoindre d’autres localités.

Une femme de 35 ans a expliqué qu’elle a « profité » du convoi pour quitter Djibo « où je vivais un enfer total ». Elle a raconté qu’elle avait perdu sa fille « à cause de la faim, à cause du blocus imposé par les djihadistes ».

Réponse du GSIM

Des témoins ont déclaré que les combattants du GSIM ciblaient des civils appartenant à des sous-groupes de l’ethnie peule. Ces sous-groupes comprennent les Rimaïbé, dont font partie les Tamboura, une grande famille locale, et les forgerons que le GSIM a accusés de soutenir les VDP. La famille Tamboura a indiqué qu’en février, le GSIM a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux menaçant de s’en prendre à ses membres.

Des experts de l’insurrection du GSIM ont expliqué que la vidéo montre Ousmane Dicko, frère cadet et adjoint de Jafar Dicko, le chef du GSIM au Burkina Faso. Dans la vidéo, Ousmane Dicko tient des papiers où figure une liste de plus de 90 noms manuscrits qui, selon lui, appartiennent principalement à des membres de la famille Tamboura à Djibo. « Pourquoi rejoignent-ils les VDP et non les moudjahidines [combattants islamiques] ? … Que leur ont fait les moudjahidines ? Ont-ils pillé leur bétail ? Ont-ils brûlé leurs maisons ? », peut-on entendre Ousmane Dicko dire sur la vidéo. « Qu’est-ce que les moudjahidines ont fait aux Tamboura pour les pousser à quitter les moudjahidines et à rejoindre les VDP ? »

Des témoins ont expliqué que le GSIM en voulait à la famille Tamboura depuis que certains de ses membres avaient fui les zones contrôlées par le GSIM entre 2022 et 2023 pour se rendre à Djibo, où les forces de sécurité sont présentes et où certains membres de la famille ont rejoint les VDP.

Dans une réponse du 15 août à Human Rights Watch, le Comité chariatique du GSIM au Burkina Faso a écrit que le GSIM « n’a[vons] jamais pris pour cible les populations Tamboura. Notre action ne repose nullement sur des considérations d’ordre ethnique ou racial, mais exclusivement sur la nécessité de répondre à ceux qui nous ont déclaré la guerre. »

Réponse des autorités burkinabè

Le GSIM avait déjà attaqué la base militaire de Djibo en octobre 2022, tuant au moins 10 soldats. En novembre 2023, le groupe armé a attaqué la caserne militaire et un camp de personnes déplacées internes, tuant au moins 40 civils.

Les habitants ont exprimé leurs inquiétudes face aux tentatives de l’armée d’améliorer la sécurité à Djibo en recourant aux VDP. Un habitant de Djibo a expliqué : « L’armée a instauré un climat de terreur. Elle s’est retournée contre [la famille] Tamboura et les forgerons, en faisant pression sur eux pour qu’ils rejoignent les VDP…. Elle a divisé la communauté [peule] en dressant ses membres les uns contre les autres. »

« Vous êtes obligé de dire que telle ou telle personne est complice des djihadistes pour avoir du crédit auprès de l’armée », a indiqué le forgeron de 46 ans. « L’armée a fait pression sur beaucoup d’entre nous pour que nous mentions et dénoncions [d’autres] civils. »

Les médias ont rapporté que plusieurs soldats et VDP ont été tués dans l’attaque du GSIM du 11 mai sur Djibo. Le gouvernement n’a diffusé aucune déclaration publique sur l’attaque, mais le 16 mai, la Radiodiffusion Télévision du Burkina Faso (RTB), entreprise publique de télévision et de radio du pays, a confirmé que, le 11 mai, « des centaines, voire des milliers » de combattants islamistes ont attaqué la base militaire de Djibo et que l’armée a riposté par plusieurs frappes aériennes à Djibo et dans les villages environnants.

Attaque du GSIM à Youba, région du Nord, 3 août

Le 3 août, le GSIM a tué au moins 14 civils, dont une femme et quatre enfants, dans le village de Youba. D’après les habitants, l’attaque visait à punir la communauté locale parce qu’elle n’avait pas respecté les instructions du GSIM de ne pas cultiver certaines cultures. Des témoins ont déclaré que les combattants ont également pillé une station-service et incendié au moins 10 boutiques au marché. Deux des enfants tués, des garçons âgés de 12 et 14 ans, qui se sont cachés dans une boutique pendant l’attaque, sont morts après que des combattants y ont mis le feu. Les combattants du GSIM ont également tué au moins 9 VDP en service et un VDP qui n’était pas en service.

Une femme de 64 ans a rapporté les propos des combattants : « Habitants de Youba, vous avez dit que vous étiez des vrais hommes, des hommes courageux.Femmes [de Youba], nous allons tuer tous vos maris. Ne vous avions-nous pas ordonné de ne pas cultiver cette année ? »

Des témoins ont expliqué que, plusieurs mois avant l’attaque, le GSIM avait ordonné aux villageois de Youba et des localités environnantes de ne pas cultiver de cultures hautes, comme le millet et le maïs, qui pourraient gêner leurs opérations. « Ils nous avaient ordonné de ne pas cultiver ces plantes pour qu’ils puissent voir au loin », a confirmé une femme de 36 ans. « Les cultures comme les arachides et les haricots sont tolérées. »

Des témoins ont déclaré que des centaines de combattants du GSIM à bord de motos et d’au moins un pick-up équipé d’une mitrailleuse ont pris d’assaut le village vers 16 heures en criant « Allah Akbar » (« Dieu est grand »). Ils ont indiqué que les combattants ont pris le contrôle de la base des VDP, puis sont entrés dans plusieurs quartiers, où ils ont abattu les hommes qu’ils ont trouvés. « Ils n’ont pas fait de porte-à-porte », a raconté la femme de 64 ans. « Mais je les ai vus pourchasser tous les hommes qu’ils trouvaient dehors et leur tirer dessus. »

Des témoins ont affirmé que, bien que les combattants du GSIM aient ciblé les hommes, ils ont également tiré sur une femme et deux enfants alors qu’ils tentaient de s’enfuir. « La femme a été tuée sur place près de la base des VDP », a précisé un homme de 45 ans qui avait aidé à récupérer les corps après l’attaque. « Les deux enfants ont été grièvement blessés au marché et sont morts après avoir été évacués vers l’hôpital. »

Un fermier de 45 ans a déclaré : « J’étais dans mon champ d’arachides avec mes femmes quand j’ai vu un pick-up avec une arme lourde installée dessus. Mes femmes m’ont caché sous une veste. Un djihadiste leur a demandé s’il y avait des hommes avec elles. Elles ont répondu que non et ils sont partis. »

Les habitants ont fourni une liste avec les noms des 14 victimes civiles, dont neuf hommes, âgés de 27 à 55 ans, une femme de 35 ans et quatre enfants âgés de 1 à 14 ans.

Des témoins ont expliqué que les VDP, pris de court dans la ville, n’ont pas réagi à l’attaque et ont fui, laissant les civils sans protection. La femme de 36 ans a raconté qu’elle a entendu les combattants du GSIM dire : « Vous voulez nous défier ? Vos VDP ne peuvent rien contre nous. Où sont-ils ? Ils ont fui, en vous abandonnant. Vos maris vont avoir des ennuis. »

Selon des témoins, les militaires, qui sont basés à Ouahigouya, à 12 kilomètres de là, ne sont pas intervenus pendant l’attaque, et les soldats du BIR 14 ne sont allés à Youba qu’après l’attaque pour sécuriser la zone et permettre aux VDP de retourner à leur base.

Des habitants de Youba ont indiqué que, dans les jours qui ont suivi l’attaque, des soldats de l’armée régulière ont été déployés à Youba depuis la base d’Ouahigouya pour construire une tranchée défensive autour du village. « Les soldats ont commencé à creuser la tranchée au nord de Youba à l’aide de pelles mécaniques, et les VDP les aidaient », a expliqué le fermier de 45 ans.

Des habitants et des médias ont rapporté que le 11 août, le GSIM a de nouveau attaqué le village de Youba, tuant des dizaines de soldats et de VDP. Le GSIM a revendiqué l’attaque le jour même. Les habitants ont déclaré que le GSIM avait ciblé les soldats et les VDP qui creusaient la tranchée, et que deux civils avaient été blessés.

Human Rights Watch a géolocalisé deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux le 13 août montrant des dizaines de combattants du GSIM à moto, circulant librement à l’intérieur du village de Youba.

Attaque de l’EIS près de Gorom Gorom, région du Sahel, 28 juillet

Le 28 juillet, l’EIS a attaqué un convoi humanitaire civil escorté par des soldats burkinabè et des VDP près de la ville de Gorom Gorom. Au moins neuf civils ont été tués et plusieurs autres blessés. Les assaillants ont également attaqué les soldats et incendié plusieurs camions.

Des témoins ont décrit que, vers 13 heures, des combattants islamistes ont attaqué un convoi rassemblant au moins 100 camions civils transportant au moins 100 civils, principalement des marchands et des habitants de Gorom Gorom. Le convoi se dirigeait vers le sud depuis la ville de Dori, située à environ 56 kilomètres, le long d’une route où l’EIS est connu pour opérer et attaquer les forces de sécurité. Le convoi transportait de la nourriture et d’autres fournitures humanitaires vers la ville de Gorom Gorom, assiégée par l’EIS depuis plus de trois ans. Au moins 10 pick-up militaires transportant des soldats burkinabè et des VDP escortaient le convoi.

« Les camions transportaient de la nourriture et d’autres fournitures importantes pour les habitants de Gorom Gorom », a indiqué un homme de 34 ans. « Aucune arme ou munition n’était à bord, c’était un convoi civil. »

D’après des témoins, lorsque le convoi – qui s’étirait sur environ deux kilomètres – a atteint le village de Balliata, à environ 23 kilomètres de Gorom Gorom, des combattants ont ouvert le feu sur les véhicules. Les témoins ont expliqué que les militaires qui escortaient le convoi ont riposté mais ont rapidement battu en retraite.

« Nous avons commencé à voir beaucoup de gens autour du convoi, nous avons cru que c’était des agriculteurs, mais tout à coup, ils se sont mis à nous tirer dessus », a raconté un homme de 52 ans qui a sauté d’un camion à l’avant du convoi. « Ils ont tiré en continu pendant plus de cinq minutes, je me suis allongé au sol près du pneu, alors que d’autres personnes sautaient hors des camions en criant. »

Selon les témoins, les assaillants étaient des membres de l’EIS, car ce groupe armé avait déjà mené des attaques similaires dans la région. En janvier, des combattants de l’EIS ont attaqué un convoi escorté par l’armée burkinabè qui transportait des fournitures et des civils entre les villes de Dori et Seytenga dans la région du Sahel, faisant 21 morts, dont au moins trois civils. Les médias, citant des sources au sein des services de sécurité, ont également indiqué que l’attaque du 28 juillet avait été menée par l’EIS.

Des témoins ont affirmé que les combattants de l’EIS ont tué au moins neuf civils lors de l’attaque du 28 juillet.

« J’ai vu neuf corps qui ont été emmenés à Gorom Gorom avant d’être enterrés au cimetière le lendemain de l’attaque », a raconté un homme de 50 ans. « Je connaissais toutes les victimes – mon cousin en fait partie. Mais ce n’est pas le bilan définitif, car la plupart des personnes tuées ont été emmenées à Dori. »

Les témoins ont fourni une liste avec les noms des neuf victimes, dont deux femmes, âgées de 25 et 39 ans, et sept hommes, âgés de 25 à 52 ans.

Ni l’EIS ni le gouvernement ou l’armée burkinabè n’ont diffusé de déclarations publiques concernant l’attaque.

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