Afrique: ONU Femmes – Combler la fracture numérique pourrait sortir 30 millions de femmes de la pauvreté

Le rapport Gender Snapshot 2025, publié par ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), dresse un état des lieux contrasté de l’égalité de genre dans le monde. Il met en lumière des progrès tangibles, mais également des reculs préoccupants, alors qu’il ne reste que cinq ans pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) fixés à l’horizon 2030.
Parmi les avancées notables, les auteurs soulignent une amélioration significative du taux de scolarisation des filles, ainsi qu’une baisse de 40 % de la mortalité maternelle entre 2000 et 2023. Dans les pays disposant de lois et de mécanismes complets de lutte contre les violences conjugales, les taux sont 2,5 fois plus faibles que dans les États où ces protections sont faibles ou inexistantes.
Les femmes sont également de plus en plus présentes dans les négociations internationales sur le climat, avec une participation ayant doublé au cours des dernières années. Enfin, 99 lois discriminatoires ont été abrogées ou réformées depuis 2019.
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Mais ces progrès restent fragiles. La fracture numérique entre les sexes constitue l’un des principaux freins à l’émancipation économique des femmes. D’après le rapport, la combler permettrait de toucher 343,5 millions de femmes et de filles dans le monde, de sortir 30 millions d’entre elles de la pauvreté d’ici 2050, et de générer un gain estimé à 1 500 milliards de dollars pour le PIB mondial d’ici 2030.
« Là où l’égalité entre les sexes a été une priorité, elle a fait progresser les sociétés et les économies », a déclaré Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes. « Les investissements ciblés ont le pouvoir de transformer les sociétés. »
En parallèle, le rapport alerte sur un recul généralisé des droits des femmes. Si les tendances actuelles se poursuivent, le monde comptera encore 351 millions de femmes et de filles vivant dans l’extrême pauvreté en 2030.
Les conflits armés sont également de plus en plus meurtriers pour les femmes : 676 millions vivent aujourd’hui à proximité immédiate de zones de guerre, un chiffre sans précédent depuis les années 1990. En 2024, on comptait 64 millions de femmes adultes de plus que d’hommes souffrant d’insécurité alimentaire modérée ou sévère.
Avec cinq ans restants pour atteindre les ODD, le constat est sévère : aucun des indicateurs du cinquième objectif, consacré à l’égalité de genre, n’est en bonne voie. « Les coûts de l’inaction sont immenses, mais les bénéfices d’une réponse ambitieuse le sont tout autant », a rappelé Li Junhua, Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires économiques et sociales.
Il estime qu’une action concertée dans les domaines des soins, de l’éducation, de l’économie verte, du marché du travail et de la protection sociale pourrait réduire de 110 millions le nombre de femmes et de filles en situation d’extrême pauvreté d’ici 2050, tout en générant jusqu’à 342 000 milliards de dollars en retombées économiques cumulées.
Alors que les dirigeants du monde se réunissent à New York pour la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, le rapport rappelle que 2025 marquera aussi le 30ᵉ anniversaire de la Déclaration de Pékin et de son Plan d’action.
À cette occasion, l’agenda Pékin+30 fixe six priorités pour accélérer les progrès : éradiquer la pauvreté, mettre fin aux violences, garantir un accès égal au pouvoir, promouvoir la justice climatique, assurer la paix et la sécurité, et permettre une participation équitable à la révolution numérique. L’ensemble repose sur une ambition transversale : amplifier les voix des jeunes femmes et des filles.
« Je lance un appel à tous les dirigeants : engagez-vous, investissez, et choisissez un monde où les droits des femmes sont appliqués à grande échelle », a conclu Sima Bahous.