Cameroun: Opposition camerounaise – Drôle de candidat unique

C’est un candidat « consensuel du peuple » qui ne semble pourtant pas accepté de tous.
Issa Bakary Tchiroma, 76 ans, a en effet été désigné pas l’Union pour le changement 2025 comme le représentant de l’opposition qui affrontera Paul Biya aux urnes à la présidentielle du 12 octobre prochain. C’est ce qui est ressorti d’un communiqué.
Parmi les signataires dudit document figurent notamment Anicet Ekane, président du Manidem, qui soutenait initialement Maurice Kamto. Ce dernier, principal opposant arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2018, avait vu sa candidature rejetée en août par ELECAM et le Conseil constitutionnel. Malgré ce revers, des consultations ont été menées cette semaine entre Kamto, l’ex-ministre Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary pour tenter de bâtir une stratégie commune.
Selon les initiateurs, une cinquantaine de partis et d’associations se seraient ralliés à cette candidature dont l’unique objet est de fédérer les énergies et les moyens des opposants pour avoir la chance d’évincer Paul Biya du trône qu’il occupe depuis maintenant 43 ans.
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Mais il est vrai que sans union, la partie semble d’avance perdue face à celui qui, à 92 ans, brigue un 8e mandat. De prime abord donc, l’initiative est louable, même si on ne sait pas trop sur quelle base le choix de Tchiroma a été fait, si choix il y a eu. C’est tout juste si on sait que le « consensuel » était le seul des 11 candidats à avoir agréé à toutes les conditions qui lui ont été présentées.
Celui qui vient d’avoir l’onction de l’Union pour le changement 2025 a été plusieurs fois ministre dans les différents gouvernements. Son dernier poste était celui de l’Emploi, duquel il a démissionné avec fracas en juin dernier pour faire acte de candidature.
Force est de reconnaître que cette candidature unique a de fortes chances de faire chou blanc dans un scrutin qui plus est uninominal majoritaire à un tour et dans la mesure où les autres prétendants n’ont pas adhéré à l’idée et maintiennent même leur candidature jusqu’à preuve du contraire. Il aurait d’ailleurs été plus judicieux pour les opposants de se retrouver entre eux pour voir qui est susceptible d’avoir le plus de chances de réussite.
Mais avec ces oppositions africaines qui ne sont d’accord que sur leurs désaccords, de Bello Bouba Maïgari à Osih Joshua, en passant par Matomba Serge Espoir, qui accepterait de mettre en sourdine ses ambitions pour se mettre en colonne couvrée derrière cet oiseau rare, chacun se sentant un destin présidentiel ? Quand bien même les chances resteraient minimes pour beaucoup, certains préfèrent être tête de rat que queue de lion, pour emprunter à la formule d’un ancien politicien burkinabè.
A un mois du rendez-vous électoral, force donc est de reconnaître que l’union de l’opposition, tant chantée, demeure une arlésienne. On ne voit pas trop comment ils pourraient déboulonner la statue du Commandeur qui a poussé de profondes racines au palais d’Etoudi. Du reste, candidat unique ou unique candidat, ce sera Paul Biya ou… Paul Biya. Comme qui dirait du côté de la lagune Ebrié, on gagne ou on gagne.