Afrique: Gouvernance mondiale – La Chine propose une réforme sans rupture

Lors du sommet élargi de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS Plus), tenu le 1er septembre, le président chinois Xi Jinping a présenté une nouvelle proposition diplomatique: l’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM). Dans un contexte international marqué par des tensions persistantes et une fragmentation normative, cette initiative vise à réformer le système de gouvernance mondiale sans en démanteler les fondations.

Un rendez-vous diplomatique stratégique à Antananarivo

Ce mercredi, à TOMETAL Mahamasina, l’Ambassade de Chine à Madagascar a convié les médias nationaux à une rencontre diplomatique d’un genre particulier. À l’occasion du Salon des Médias, le Chargé d’affaires de l’ambassade de Chine, M. Wan Peng, a présenté les contours de l’IGM. L’événement, marqué par une atmosphère studieuse et un échange ouvert avec les journalistes, a permis de décrypter les ambitions de cette initiative et ses implications pour Madagascar.


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L’IGM se veut une réponse aux déséquilibres persistants du système international, sans rupture avec l’ordre existant. Elle s’inscrit dans une logique de réforme inclusive, fondée sur la souveraineté égale des États, le respect du droit international, le renforcement du multilatéralisme, l’attention portée aux besoins des peuples, et l’engagement dans des actions concrètes. Selon M. Wang, ces principes traduisent la volonté de la Chine de contribuer à une gouvernance mondiale plus juste, plus équitable et plus représentative, notamment à l’occasion du 80e anniversaire de l’ONU.

Un signal diplomatique adressé au Sud Global et particulièrement à Madagascar

Au fil des échanges, un message diplomatique ciblé à l’endroit de Madagascar s’est dessiné. Pékin considère la Grande Île comme un partenaire stratégique dans le cadre de l’IGM, et rappelle qu’elle demeure son premier partenaire commercial depuis plus d’une décennie. Des projets concrets — infrastructures, énergie solaire, formation des jeunes — sont déjà en cours, et d’autres pourraient émerger dans le sillage de cette initiative. L’invitation implicite faite à Madagascar est claire : s’affirmer davantage dans les enceintes multilatérales, notamment en tant qu’État insulaire stratégique de l’océan Indien, et contribuer à la réforme du système international aux côtés des pays du Sud.

Un dialogue ouvert avec les médias malgaches

La séance de questions-réponses, animée par les journalistes de la presse locale, a permis d’approfondir les intentions chinoises. Pourquoi l’IGM s’inscrit-il au coeur de l’ONU? Quel rôle les pays membres de l’OCS jouent-ils dans l’Initiative? Une commission ad hoc au sein-même du concert des nations pourrait-elle être envisagée pour la mise en oeuvre de l’IGM? À ces interrogations, M. Wang a répondu avec clarté: l’initiative ne cherche pas à contrer l’Occident, mais à dépasser les logiques de division héritées de la guerre froide. Elle repose sur une approche ouverte, coopérative et innovante, où chaque pays est invité à contribuer selon ses capacités.

Madagascar face à une opportunité de repositionnement

Pour Madagascar, l’IGM ouvre une fenêtre diplomatique et stratégique. Elle offre un cadre de coopération fondé sur le respect mutuel, la concertation et le développement partagé. L’appel à l’égalité souveraine et à la démocratisation des relations internationales offre un cadre favorable à la défense de ses intérêts, que ce soit dans les enceintes multilatérales ou sur des dossiers sensibles comme celui des îles Éparses. L’initiative chinoise appelle également à une redistribution des biens publics mondiaux, ce qui pourrait bénéficier à Madagascar dans des domaines tels que la santé, les infrastructures ou la sécurité alimentaire. En s’alignant prudemment sur l’IGM, la Grande Île pourrait renforcer sa coopération Sud-Sud et diversifier ses partenariats Si certains observateurs évoquent prudemment les risques d’alignement trop visible ou de dépendance normative, ces considérations restent marginales face aux perspectives de renforcement bilatéral et de repositionnement régional.

L’Initiative de Gouvernance Mondiale : une voie nouvelle pour le Sud global

Dans un contexte où les partenariats traditionnels avec l’Occident peinent à produire des résultats tangibles pour Madagascar, l’Initiative pour la gouvernance mondiale apparaît comme une opportunité nouvelle pour le Sud global — et pour la Grande Île en particulier — de s’inscrire dans un partenariat réellement gagnant-gagnant. Même si cette initiative devait ne pas aboutir pleinement, la Chine resterait de toute manière en tête des relations économiques bilatérales avec Madagascar. S’engager dans ce projet stratégique mondial, c’est donc avant tout consolider une coopération déjà établie, et envisager, avec le soutien de ses partenaires, une place plus affirmée pour Madagascar sur la scène régionale, continentale et internationale.

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