C’est 4,6 millions de togolais qui étaient appelés aux urnes, le 17 juillet 2025 pour élire les 1 527 conseillers, inscrits sur les 500 listes déposées par les partis politiques, les coalitions ou les candidats indépendants, pour briguer les 117 communes que compte le pays.
Si les premières tendances au niveau de la capitale « contestataire » annoncent un taux de participation relativement faible, par rapport aux dernières élections municipales de 2019, en revanche au regard des résultats globaux qui commencent à tomber, la tendance risque d’être inversée, d’autant qu’on annonce un taux de 55,02 %, soit plus de la moitié des inscrits, c’est-à-dire 2 552 039 sur 4 637 998 inscrits au fichier électoral.
Et pourtant, de l’avis de certains observateurs, l’atmosphère qui a prévalu dans la période pré-électorale, avec la répression sévère des manifestants de l’opposition contre la nouvelle constitution qui donne « un mandat illimité » au président Faure Gnassingbé, et l’appel au boycott de certaines organisations de la société civile et de la diaspora togolaise, faisaient craindre une élection avec un faible taux de participation.
Comparé avec l’élection de 2019 où le score était de 52,46% soit 2,5 points de progression, on peut dire, dans l’attente des résultats définitifs, que l’électorat togolais a répondu avec une claire conscience des enjeux du scrutin, qui dores et déjà dessine une répartition des communes favorable au pouvoir en place avec UNIR. Ce dernier, qui en était à son premier test politique, après l’installation du nouveau président du conseil, pour jauger sa popularité, voire sa légitimité, trouve dans les résultats provisoires rendus publics aujourd’hui par la CENI des motifs de satisfaction.
En effet, ces résultats provisoires indiquent que le parti de Faure Gnassingbé s’adjuge 1150 sur les 1527 sièges en compétition, soit environ 75 % des sièges. Ensuite suivent l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Favre, qui obtient 51 sièges, soit près de 3 % du total. L’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio se positionne en troisième place avec 38 élus dans les 36 circonscriptions sur lesquelles il était en lice. L’Alliance démocratique pour le développement intégral (ADDI), qui depuis les législatives est sur tendance ascendante, s’octroie 34 sièges.
Il faut noter également la percée du regroupement indépendant « Togolais, viens, agir » (TOVIA), porté par le ministre du Développement des territoires, Joseph Gomado, un ancien cadre de l’ANC, 24 sièges.
Ce raz de marée de l’UNIR, qui, rappelons-le, était crédité de près de 59 % des sièges en 2019, montre que le parti présidentiel jouit encore d’une bonne cote de popularité auprès de la base. Toutefois, il ne faut pas occulter les évolutions de ce scrutin et le jeu d’équilibre des pouvoirs au sein des collectivités locales, où certainement, on observe l’émergence de nouveaux leaders issus du mouvement social.
Au terme de ce scrutin, UNIR confirme son statut de principale force politique du pays, et en même temps prend une option sérieuse sur le futur Sénat, qui va élire le prochain président de la République (même si celui-ci est délesté avec la nouvelle Constitution de pouvoirs importants).
L’autre enseignement qu’on peut tirer du calme plat qu’ont connu ces élections municipales, c’est la volonté de s’engager dans la gestion de proximité des citoyens et qu’atteste la présence de 500 listes de candidats.
N’est-ce pas aussi le signal donné par le pouvoir en place en faveur des candidatures féminines, dont la caution était fixée à la moitié de celle des hommes c’est-à-dire 25000 FCFA. Quel effet cette mesure aura-t-elle sur le leadership féminin local et dans quelle proportion ?
La proclamation définitive des résultats nous édifiera.