Madagascar: la compagnie nationale d’eau et d’électricité anticipe des «mois difficiles» dans la capitale

« Que les habitants de la capitale malgache se préparent à des mois difficiles » : tel est est en substance le conseil de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, à ses abonnés. Alors que la situation ne va aller qu’en s’aggravant en raison de la saison sèche qui arrive à son pic, l’entreprise reconnaît que le réseau interconnecté d’Antananarivo traverse « une année particulièrement difficile » en raison d’un déficit croissant entre production et consommation.
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Avec notre correspondante à Madagascar, Sarah Tétaud
Les vrombissements des groupes électrogènes font désormais partis du paysage sonore de la capitale malgache. Alors que la Jirama reconnaît que les coupures d’électricité sont désormais quotidiennes et que leur durée a nettement augmenté à Antananarivo, depuis le mois d’avril, pour tempérer la colère des usagers, la compagnie s’est mise à annoncer sur Facebook leurs horaires et leurs durées, quartier par quartier.
Reste malgré tout que ces délestages tournants d’une durée de quatre heures en pleine journée mettent à mal les petits emplois comme celui de Mamy, couturière : « Moi, je n’ai pas les moyens de payer un groupe électrogène alors quand ça coupe, je ne peux plus utiliser mes machines à coudre. Des tâches qui me prenaient auparavant une journée, je les achève actuellement en trois jours. Ces délestages quotidiens, c’est éreintant donc forcément, mon gain journalier diminue. Et tout ça mis bout à bout, c’est une très grosse perte financière pour moi ».
Combustible de mauvaise qualité
Pour expliquer cette détérioration, la Jirama avance deux principales causes : une incapacité à produire de l’électricité en quantité suffisante et la mauvaise qualité du combustible qui alimente les centrales au fioul. Résultat : la capitale est privée des 30 mégawatts dont elle a pourtant cruellement besoin pour fonctionner normalement.
Pour y remédier, sept centrales solaires (certaines publiques, d’autres privées) sont en construction dans un rayon de 100 km autour d’Antananarivo. La mise en route de deux d’entre elles d’ici la fin décembre devrait permettre de gagner quelque 13 mégawatts. « L’année prochaine, surtout vers la fin, sera meilleure », promet la Jirama.
Détresse et ironie
Sur les réseaux sociaux, entrepreneurs, étudiants, familles, crient leur détresse quand d’autres ironisent : « Pas besoin d’avoir un téléphérique pour avoir du délestage. À Diego, rien ne vole au-dessus de nos têtes, mais on n’a pas d’électricité non plus », commente un internaute du nord de l’île. Entre coupures à répétition et promesses maintes fois répétées d’un avenir solaire et hydraulique, la crise énergétique s’installe comme un fardeau quotidien pour les Tananariviens comme pour les habitants du reste de l’île.
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