Ouganda: début des audiences de confirmation des charges portées contre Joseph Kony

La Cour pénale internationale a ouvert mardi 9 septembre les audiences de confirmation des charges portées contre Joseph Kony, en l’absence du principal intéressé. Le chef de l’Armée de résistance du Seigneur est en fuite depuis plus de 20 ans, raison pour laquelle la Cour a décidé de tenir ces audiences en son absence. Il ne s’agit pas d’un procès, mais d’une simple mise en accusation. Après le bureau du procureur, les représentants des victimes ont défendu cette procédure.
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Avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
Le procureur assure que la mise en accusation fera avancer cette affaire enlisée depuis des années. Mais la défense de Joseph Kony conteste. « Cette audience permettra, si les charges sont confirmées, d’évoluer rapidement à la phase subséquente de la procédure aussitôt que Joseph Kony sera arrêté et remis à la Cour, ce dont nous ne désespérons pas », a déclaré le procureur adjoint Mandaye Niang. Le bureau du procureur espère encore une arrestation ou une reddition du fugitif.
Joseph Kony compte déjà 20 ans de cavale à son actif. Mais la procédure pourrait relancer la traque, selon le bureau du procureur. Les avocats de la Défense estiment au contraire que rappeler le mandat d’arrêt pourrait dissuader toute reddition. Pour eux, ces audiences pourraient nuire à la réconciliation en Ouganda.
« Au nord de l’Ouganda, nous avons des personnes qui sont revenues de la brousse et qui vivent avec les autres membres de la communauté, ensemble. Ils ont pardonné ou cherchent à oublier le conflit pour que la paix soit rétablie. Au cours des 23 dernières années, l’Ouganda s’est dotée de moyens pour mettre fin à la discrimination qui sévissait au sein de la population et nous sommes très fiers de ce qu’il s’est passé jusqu’à aujourd’hui et de la paix que nous avons aujourd’hui », a dit Geoffrey Borris Anyuru, l’un des avocats de Joseph Kony.
6 000 victimes des crimes commis aux ordres de Joseph Kony représentées dans cette procédure
Près de 6 000 victimes des crimes commis aux ordres de Joseph Kony sont représentées dans cette procédure. Mais obtiendront-elles réparation ? Si la Cour peut mettre en accusation le fugitif, un procès ne pourra se tenir qu’en sa présence. Pour prononcer des réparations, il faudrait que le chef de l’Armée de résistance du Seigneur soit condamné.
Pour Sarah Pellet, l’une des représentantes des victimes, cette procédure par contumace apporte néanmoins un début de justice. « Les audiences de confirmation des charges ne changeront pas le passé. Cela n’enlèvera pas la souffrance imposée aux victimes par l’ARS sous le commandement de Kony, mais cela dira à ces victimes que ce qu’elles ont vécu compte, que la justice peut s’abattre sur les plus puissants et que l’impunité a une fin », a-t-elle déclaré.
Les audiences se poursuivront jusqu’à jeudi, après quoi, les juges auront trois mois pour confirmer les charges de crimes contre l’humanité et crimes de guerre portées contre Joseph Kony.
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