Sénégal: L'inclusion des jeunes filles au coeur du forum sur l'autonomisation économique des adolescentes africaines

Dakar a accueilli ce mercredi 10 septembre le forum de dissémination du rapport « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique », une initiative de la Banque mondiale en partenariat avec le Population Council et le Center for Global Development. L’événement a mis en lumière des solutions concrètes pour renforcer l’autonomisation économique des filles, dans un contexte où l’Afrique comptera près d’un tiers des adolescentes du monde d’ici 2050.
Selon le rapport, investir dans cette jeunesse pourrait générer un retour économique jusqu’à dix fois supérieur aux ressources engagées. La rencontre a réuni la représentante de la Banque mondiale, Mme Keiko Miwa, ainsi que des représentants du gouvernement sénégalais, notamment du ministère de l’Éducation nationale.
Au cœur des échanges, la question de l’adolescente a été longuement abordée. Pour Mme Keiko Miwa, « les mariages précoces, le décrochage scolaire et la négligence des jeunes filles sont au centre des priorités de la Banque mondiale ». Elle a précisé que « nous avons les données du terrain, la volonté politique et l’accompagnement des partenaires. Ce qui nous manque, ce sont des solutions pratiques qui permettront de mettre fin aux mariages précoces, au décrochage scolaire et aux violences subies par les jeunes filles en milieu rural ».
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Prenant la parole au nom du ministre de l’Éducation nationale, Mme Leye a affirmé « le plein soutien du ministère au plan d’autonomisation des jeunes filles », rappelant que « le Sénégal est un pays jeune, avec près de 70 % de sa population composée d’adolescents. Ignorer les jeunes filles revient à fermer les yeux sur le plein potentiel qui sommeille en chacune d’elles ».
Le rapport estime que des investissements similaires à travers l’Afrique pourraient générer plus de 2 400 milliards de dollars de revenus supplémentaires, pour un coût estimé à environ 200 milliards de dollars. Parmi les points clés soulevés figure la reconnaissance du rôle central de la Nation dans l’éducation des adolescents, un rôle qui ne devrait pas reposer uniquement sur le gouvernement.
À ce sujet, la représentante du ministère de l’Éducation nationale a souligné qu’« il ne s’agit pas de copier des solutions venues d’ailleurs pour les adapter au Sénégal. Il nous faut des solutions endogènes, qui reflètent nos réalités locales ».
Des organisations non gouvernementales, des représentants de la société civile ainsi que des structures comme la Fondation Batonga ont également partagé des exemples de réussites concrètes dans l’accompagnement de jeunes filles stigmatisées par la société.
Par ailleurs, trois projets ont été particulièrement mis en avant lors du forum. Le projet SWEED, mené en étroite collaboration avec le ministère de la Famille et soutenu par la Banque mondiale, vise à prendre en charge les besoins des adolescents de manière holistique.
Le projet K-Santé, développé par l’entreprise sociale Kajou en partenariat avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale, propose quant à lui une solution de formation et d’assistance pour les agents de santé communautaires.
Enfin, le projet NAFOORE, actuellement en phase de mise en œuvre, a pour objectif d’améliorer l’accès et la qualité des services de santé sexuelle adaptés aux besoins des adolescent(e)s en milieu rural.
Autant d’initiatives et de discussions qui ont animé ce nouveau forum de la Banque mondiale, avec pour ambition l’amélioration des conditions de vie des jeunes filles, qu’elles soient en milieu urbain ou rural. Ces adolescentes représentent un véritable levier pour l’avenir du Sénégal et du continent africain.
En cette période charnière, où 23 % des 1,2 milliard d’adolescents dans le monde vivent en Afrique subsaharienne, il est urgent d’agir. Des millions d’adolescentes se trouvent à un tournant crucial de leur vie.
Le rapport souligne que « malgré le vaste potentiel de prospérité de l’Afrique, une réalité frappante demeure 26 % des adolescentes âgées de 15 à 19 ans en Afrique ne travaillent pas et ne sont pas scolarisées, et 27 % sont mariées ou ont un enfant. En comparaison, 9 % des garçons africains du même groupe d’âge ne travaillent pas et ne sont pas scolarisés, et moins de 3 % sont mariés ou ont un enfant ».
Face à cette situation, le Center for Global Development, le Population Council et le Groupe de la Banque mondiale ont décidé d’unir leurs efforts afin d’aider les pays à tracer une voie plus inclusive pour les adolescentes africaines.