Sud-ouest du Mali: l'armée réfute tout blocus à Kayes et Nioro mais précise son action

Au Mali, l’armée a communiqué officiellement ce 8 septembre 2025 pour la première fois depuis l’annonce, le 3 septembre, par les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, lié à al-Qaïda) de l’instauration d’un blocus à Kayes et Nioro du Sahel. Par un point presse de son porte-parole, dans des communiqués et par des déclarations faites aux médias d’État ORTM et L’Essor, l’armée a précisé les actions qu’elle met en œuvre, tout en réfutant catégoriquement l’existence d’un blocus.
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Les informations faisant état d’un blocus sont fausses selon le colonel Souleymane Dembélé, porte-parole de l’armée du Mali, qui dénonce une « guerre informationnelle » orchestrée par des médias étrangers. Sans évoquer les menaces et revendications faites directement par les jihadistes du Jnim eux-mêmes, le colonel Dembélé affirme que le vrai problème des habitants de Kayes est actuellement « la saison des pluies et non les actions des groupes terroristes ».
« Derniers soubresauts d’un ennemi aux abois »
Si l’armée reconnait une « intensification » des « opérations terroristes », particulièrement dans la région de Kayes, selon un communiqué officiel, c’est pour la qualifier de « derniers soubresauts d’un ennemi aux abois » et « en repli », selon le colonel Dembélé. Une terminologie devenue classique depuis le début de la transition il y a cinq ans.
Mercredi dernier, les jihadistes du Jnim ont annoncé l’instauration d’un blocus à Kayes et à Nioro ainsi que leur intention d’empêcher les importations de carburant dans tout le pays. Depuis, de nombreux camions de marchandises et des autocars ont été interceptés, voire détruits, des passagers ressortissants de Kayes et Nioro ont été pris en otage (les autres ont été relâchés). De plus, la circulation a été temporairement bloquée à une cinquantaine de kilomètres de Bamako et des camions-citernes ont été incendiés, dans plusieurs régions du Mali.
Le commissariat de Mopti a été attaqué samedi soir, un centre de formation de l’armée a été ciblé lundi matin, près de Ségou, centre dont le Jnim a revendiqué la prise de contrôle.
L’armée assure être mobilisée sur tout le territoire, des renforts ont été envoyés dans les régions de Kayes et Nioro où elle organise « des opérations de traque et de destruction ». Des patrouilles sont aussi déployées pour « sécuriser » les axes routiers.
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Bombardements, patrouilles et ratissage
Les Forces armées maliennes (Fama) affirment avoir mené une « offensive d’envergure » dès samedi dans la zone de Diéma-Nioro du Sahel, permettant « la destruction de plusieurs bastions terroristes » et « la neutralisation de nombreux combattants ». Les « ratissages » se poursuivent.
Des bombardements aériens ont également permis la fuite de plusieurs otages, selon l’armée. Aucun chiffre précis, ni sur les jihadistes tués ni sur les otages libérés, n’a été communiqué. Les routiers sénégalais capturés par le Jnim avaient été relâchés vendredi soir.
Comme à son habitude, l’armée malienne ne précise pas le rôle de ses partenaires russes de l’Africa Corps, qui ne sont jamais mentionnés.
Lundi, la compagnie d’autocars Diarra Transports, nommément ciblée par le Jnim, a annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de ses activités.
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