Ile Maurice: Hewlett Nelson – «Nous n'avons que quelques jours devant nous…»

Ancienne basketteuse en fauteuil, Hewlett Nelson conjugue sa passion du sport et du plaidoyer pour l’avancement des personnes en situation de handicap sur tous les terrains. Son prochain défi : réunir les fonds pour le déplacement à New Delhi du chef de mission et du chef de délégation, dans le cadre des Championnats du Monde. Une campagne éclair organisée sur «SmallStepMatters.org».

À travers une nouvelle campagne urgente en cours sur SmallStepMatters. org, les citoyens et les entreprises peuvent verser des donations individuelles et des contributions CSR pour répondre à un besoin. Un besoin très urgent ?

Effectivement, très, très urgent ! Nous avons 13 athlètes mauriciens, dont six du Magic Quatre Bornes Sports Club, qualifiés aux Championnats du Monde, dont Noemi Alphonse. Cette compétition se tiendra du 27 septembre au 5 octobre à New Delhi, en Inde. Vendredi dernier, le ministère de la Jeunesse et des sports s’est engagé pour les frais liés aux athlètes et aux entraîneurs. Nous sommes très, très reconnaissants pour cela. Mais nous manquons encore de fonds pour le déplacement du chef de mission et du chef de la délégation mauricienne.


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Je sais que la participation de la délégation dans son ensemble est coûteuse puisqu’il faut additionner les frais d’inscription à la compétition, l’hébergement, le billet d’avion… Mais l’équipe compte également un chef de mission et un chef de délégation, qui remplissent des fonctions essentielles en amont de la compétition et également sur place. D’où notre appel urgent lancé au grand public et aux entreprises à travers SmallStepMatters, pour une campagne de levée de fonds en temps limité. Très limité. Nous n’avons que quelques jours devant nous…

Noemi Alphonse, Yovanni Philippe, Roberto Michel, Mitchell Prosper, Anaïs Angeline, Donovan Rabaye… Autant de para-athlètes aux performances prestigieuses et tous licenciés au Magic Quatre Bornes Sports Club. Les athlètes sont davantage connus que votre club, qui n’est pourtant pas nouveau ?

Oui, le club a été fondé en tant qu’association il y a 23 ans. Magic avait débuté ses entraînements avec un club de basket composé de sportifs valides. Le club est devenu célèbre avec cette équipe de basket, qui s’est maintenue au top pendant quelques années. Nous avons lancé le basket fauteuil, puis une équipe d’athlétisme. Notre première athlète, en 2002, c’était Salatchee Murday.

Pourquoi avoir abandonné le basket en fauteuil ?

J’étais moi-même une grande adepte de cette discipline. Mais les équipements étaient trop chers. Imaginez, il y a 30 ans, un fauteuil coûtait déjà Rs 35 000 ! Il nous en fallait au moins 12 pour l’ensemble de l’équipe ! Un gros investissement. Stratégiquement, c’était moins coûteux de nous tourner vers l’athlétisme.

Quoi que les fauteuils de nos athlètes valent chacun plus de Rs 500 000 aujourd’hui. Nous avons eu l’opportunité, heureusement, que la plateforme SmallStepMatters nous mette en contact avec des athlètes exemplaires pour les défis sportifs de levée de fonds : Pascal Ducray pour l’équipement sportif de Roberto Michel et Tina Staub pour celui de Mefhooz Oozeer. Deux campagnes SmallStepMatters abouties !

En tant que présidente, votre rôle est polyvalent, de la levée de fonds en passant par le plaidoyer. Le plaidoyer en faveur des athlètes et, plus largement, des personnes en situation de handicap vous tient particulièrement à coeur ?

Oui, j’ai plaidé dans le passé pour Noemi Alphonse lorsqu’elle avait été suspendue deux ans pour avoir qualifié le ministre des Sports de «Ministre sur le papier». Elle était jeune, elle s’était exprimée avec courage, mais, d’un autre côté, en toutes circonstances, il est préférable de respecter la hiérarchie sportive. Je suis aussi allée en cour parce qu’on m’avait refusé l’accès à une boîte de nuit. Je ne l’ai pas fait pour moi personnellement, mais pour les jeunes…

Les plus jeunes et les enfants sont toujours au coeur de vos préoccupations ?

Oui, pour les jeunes du club, j’avais pris contact avec SmallStepMatters à la fin de 2024, car j’étais vraiment ennuyée qu’ils ne puissent pas s’entraîner aussi souvent que nécessaire au stade de Côte-d’Or, faute de transport. À l’époque, nous devions payer des taxis, donc, vu le coût élevé, nous alternions les groupes aux entraînements.

Et grâce à SmallStepMatters, la générosité des citoyens, d’un mécène et la médiatisation du tour de Maurice des athlètes d’endurance Tina Staub et Yan de Maroussem, nous avons aujourd’hui un van adapté. Et nous espérons avoir le support de la National Social Empowerment Foundation pour le salaire du chauffeur et le carburant.

C’est important que les jeunes s’entraînent plusieurs fois par semaine. Nos athlètes professionnels, par exemple, s’entraînent six jours par semaine à l’approche des grandes compétitions internationales et deux fois par jour. Ce sont des sportifs professionnels, j’insiste. Et des rôles modèles pour nos jeunes licenciés !

D’autres gros projets pour le club et un appel à lancer aux entreprises pour les années à venir ?

Si nous avions pu bénéficier d’un terrain pour construire un centre de formation académique et sportif avec internat à proximité du stade de Côte-d’Or, cela aurait permis aux jeunes de mieux gérer leur temps et d’éviter d’en perdre dans les trajets. Nos licenciés viennent de toutes les régions de Maurice : du nord de Port-Louis, de l’Est, de La Gaulette, de Petite Rivière, de Camp-Levieux, de Mahébourg…

La relève est assurée tant au niveau de l’engouement des jeunes que du dynamisme des encadrants ? Votre passion se conjugue aussi en famille ?

Oui, suite aux nombreuses médailles ramenées par nos parasportifs, encore dernièrement aux CJSOI aux Seychelles, les parents nous contactent pour inscrire leurs enfants, quel que soit le type de handicap (cécité, handicaps moteurs, déficit cognitif…). Et l’équipe d’encadrement est à la pointe du professionnalisme. Nous avons des préparateurs physiques, des entraîneurs (entraîneur de saut, de lancer…).

Le club veille de près à la nutrition des athlètes, à leur récupération, aux blessures éventuelles, aux équipements adaptés à leur morphologie (quand le budget le permet)… Et oui, j’ai transmis ma passion du sport à mon fils, l’entraîneur Jean-Marie Bhugeerathee, et à mon petit-fils Loïc Bhugeerathee, qui a bénéficié d’un programme d’échange aux États-Unis pour se professionnaliser encore dans le domaine handisport.

Les six athlètes du Magic Quatre Bornes Sport Club qualifiés pour les Championnats du Monde constituent une partie de la délégation mauricienne, avec des chances de médailles.

 

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