Côte d’Ivoire : Gbagbo et Thiam exclus, le Conseil constitutionnel valide cinq candidatures pour la Présidentielle


À un peu plus d’un mois du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre 2025, le Conseil constitutionnel ivoirien a tranché. La haute juridiction a publié, lundi 8 septembre, la liste définitive des candidats retenus pour la course à la magistrature suprême. Ils seront cinq à se présenter, mais sans deux poids lourds de l’opposition : l’ancien Président Laurent Gbagbo, et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Tidjane Thiam.
Le Conseil constitutionnel ivoirien n’a pas attendu le délai du 10 septembre pour publier la liste définitive des candidats retenus pour prendre part à la Présidentielle du 25 octobre. Ce lundi, la Haute juridiction a communiqué les noms des challengers d’Alassane Ouattara qui sont au nombre de quatre, ce qui fait un total de cinq candidatures retenues sur soixante dossiers déposés.
Gbagbo et Thiam hors course
La décision du Conseil constitutionnel n’a pas surpris les observateurs. Radiés du fichier électoral, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ont vu leurs candidatures jugées irrecevables. Le premier, en raison d’une condamnation judiciaire liée à l’affaire du « braquage de la BCEAO », est considéré comme inéligible. Le second, pour cause de double nationalité, n’a pas été réintégré sur les listes électorales malgré ses recours.
Le parti de Laurent Gbagbo, le PPA-CI, avait tenté de contester cette radiation en invoquant l’amnistie dont bénéficie son leader depuis 2018 et son acquittement par la Cour pénale internationale en 2021. Mais la juridiction constitutionnelle a estimé que son absence du fichier électoral suffisait à invalider son dossier, aggravée par un déficit de parrainages valides – plus de 20 000 parrainages ont été invalidés pour cause d’irrégularités qu’aurait relevées le Conseil constitutionnel, occasionnant un déficit du nombre total requis en ce qui concerne l’ancien Président. De son côté, Tidjane Thiam, revenu en politique en 2023 pour relancer le PDCI, n’a pas franchi le cap. Ses espoirs de rattrapage judiciaire se sont éteints avec cette décision du Conseil constitutionnel.
Cinq candidats retenus
La liste officielle des candidats validés pour le scrutin est désormais connue :
- Alassane Ouattara, Président sortant et candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui brigue un quatrième mandat.
- Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame, investie par le Mouvement des générations capables (MGC).
- Jean-Louis Eugène Billon, député du PDCI mais candidat indépendant sous la bannière du Congrès démocratique (Code), faute d’investiture de son parti.
- Ahoua Don Mello, ex-cadre du PPA-CI devenu indépendant après son exclusion du parti.
- Henriette Lagou Adjoua, porte-voix du Groupement des partenaires politiques pour la paix (GP-PAIX).
Cette configuration ouvre un paysage électoral inédit : pour la première fois depuis plus de deux décennies, ni le PDCI ni le parti de Laurent Gbagbo n’aligneront officiellement de candidat majeur.
Une opposition affaiblie et une élection sous tension
L’éviction de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam redessine les équilibres politiques. Le chef de l’État sortant se retrouve face à des adversaires divisés, sans le poids électoral massif qu’auraient pu représenter l’ancien Président ou le patron du PDCI. Pour les partisans de ces deux figures, la décision du Conseil constitutionnel est vécue comme une nouvelle exclusion politique.
Justin Koné Katinan, proche de Gbagbo, a dénoncé une « humiliation » et mis en garde contre une « confrontation politique » inévitable. Au PDCI, la ligne reste floue : le parti avait refusé de préparer une alternative à la candidature de Tidjane Thiam, préférant miser jusqu’au bout sur son retour dans la course. L’avenir de la formation fondée par Félix Houphouët-Boigny apparaît désormais incertain.
La campagne officielle s’ouvrira le 10 octobre et s’achèvera le 23. Mais déjà, la tension monte. Entre les contestations d’opposants, les accusations d’exclusion arbitraire et la perspective d’un quatrième mandat pour Alassane Ouattara, la Présidentielle ivoirienne de 2025 s’annonce comme un test majeur pour la stabilité politique du pays. Quinze ans seulement après la tragédie électorale de 2010.